Weil | Les Formes de l'amour implicite de Dieu | E-Book | sack.de
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E-Book, Französisch, 74 Seiten

Weil Les Formes de l'amour implicite de Dieu

la clef de la réflexion théologique de Simone Weil
1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-42872-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

la clef de la réflexion théologique de Simone Weil

E-Book, Französisch, 74 Seiten

ISBN: 978-2-322-42872-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
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Dans cette réflexion théologique rédigée en 1942, Simone Weil interroge le premier commandement et invite chacun de nous, avant qu'il ne fasse une réelle rencontre avec Dieu, à reporter cet amour sur les objets dans lesquels il réside, l'amour implicite de Dieu pouvant se porter notamment sur la beauté du monde, les cérémonies religieuses et son prochain. Pour la philosophe Simone Weil, cette question de l'amour de Dieu est primordiale, car tout homme ne peut s'empêcher de désirer, au fond de lui, le bien et la justice. Cependant, ceux-ci sont absents du monde : tout, dans le monde, est souillé par la force et par l'injustice. Le bien, qui est un des noms de Dieu, est inconnaissable, car absent du monde. En revanche, parce que tout homme désire le bien, Dieu est objet d'amour. Toutefois, cet amour a pour objet quelque chose d'inconnaissable, et d'absent du monde. Dès lors, il faut aimer Dieu implicitement, c'est-à-dire en aimant des objets du monde dans lequel Dieu est présent de manière cachée ou secrète. C'est ce que Weil montre dans l'article "Les formes de l'amour implicite de Dieu".[J. Lagalle] Weil, qui a connu des expériences mystiques de communion avec Dieu, considère qu'aimer implicitement est un préalable à l'amour explicite de Dieu, l'amour dans lequel Dieu est l'objet même de l'amour. Les formes implicites de l'amour de Dieu sont au nombre de quatre : L'amour du prochain ; L'amour de l'ordre du monde ; L'amour des cérémonies religieuses ; L'amitié.

Simone Adolphine Weil est une philosophe humaniste, née à Paris le 3 février 1909 et morte à Ashford le 24 août 1943. Sans élaborer de système nouveau, elle souhaite faire de la philosophie une manière de vivre, non pour acquérir des connaissances, mais pour être dans la vérité.

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AMOUR DE L’ORDRE DU MONDE
L'amour de l'ordre du monde, de la beauté du monde, est ainsi le complément de l'amour du prochain. Il procède du même renoncement, image du renoncement créateur de Dieu. Dieu fait exister cet univers en consentant à ne pas y commander, bien qu'il en ait le pouvoir, mais à laisser régner à sa place, d'une part la nécessité mécanique attachée à la matière, y compris la matière psychique de l'âme, d'autre part l'autonomie essentielle aux personnes pensantes. Par l'amour du prochain nous imitons l'amour divin qui nous a créés nous-mêmes ainsi que tous nos semblables. Par l'amour de l'ordre du monde nous imitons l'amour divin qui a créé cet univers dont nous faisons partie. L'homme n'a pas à renoncer à commander à la matière et aux âmes, puisqu'il n'en possède pas le pouvoir. Mais Dieu lui a conféré une image imaginaire de ce pouvoir, une divinité imaginaire, afin qu'il puisse lui aussi, bien qu'étant une créature, se vider de sa divinité. Comme Dieu, étant hors de l'univers, en est en même temps réellement le centre, de même chaque homme a une situation imaginaire au centre du monde. L'illusion de la perspective le situe au centre de l'espace ; une illusion pareille fausse en lui le sens du temps ; et encore une autre illusion pareille dispose autour de lui toute la hiérarchie des valeurs. Cette illusion s'étend même au sentiment de l'existence, à cause de la liaison intime, en nous, du sentiment de la valeur et du sentiment de l'être ; l'être nous paraît de moins en moins dense à mesure qu'il est plus loin de nous. Nous abaissons à son rang, au rang de l'imagination trompeuse, la forme spatiale de cette illusion. Nous y sommes obligés ; autrement nous ne percevrions pas un seul objet, nous ne nous dirigerions même pas assez pour savoir faire un seul pas d'une manière consciente. Dieu nous procure ainsi le modèle de l'opération qui doit transformer toute notre âme. Comme nous apprenons tout enfants à abaisser, à réprimer cette illusion dans le sentiment de l'espace, nous devons en faire autant à l'égard du sentiment du temps, de la valeur, de l'être. Autrement nous sommes incapables, sous tous les aspects autres que celui de l'espace, de discerner un seul objet, de diriger un seul pas. Nous sommes dans l'irréalité, dans le rêve. Renoncer à notre situation centrale imaginaire, y renoncer non seulement par l'intelligence, mais aussi dans la partie imaginative de l'âme, c'est s'éveiller au réel, à l'éternel, voir la vraie lumière, entendre le vrai silence. Une transformation s'opère alors à la racine même de la sensibilité, dans la manière immédiate de recevoir les impressions sensibles et les impressions psychologiques. Une transformation analogue à celle qui se produit quand le soir, sur une route. à l'endroit où nous avions cru apercevoir un homme accroupi, nous discernons soudain un arbre ; ou quand, ayant cru entendre un chuchotement, nous discernons un froissement de feuilles. On voit les mêmes couleurs, on entend les mêmes sons, mais non pas de la même manière. Se vider de sa fausse divinité, se nier soi-même, renoncer à être en imagination le centre du monde, discerner tous les points du monde comme étant des centres au même titre et le véritable centre comme étant hors du monde, c'est consentir au règne de la nécessité mécanique dans la matière et du libre choix au centre de chaque âme. Ce consentement est amour. La face de cet amour tournée vers les personnes pensantes est charité du prochain ; la face tournée vers la matière est amour de l'ordre du monde, ou, ce qui est la même chose, amour de la beauté du monde. Dans l'Antiquité, l'amour de la beauté du monde tenait une très grande place dans les pensées et enveloppait la vie tout entière d'une merveilleuse poésie. Il en fut ainsi dans tous les peuples, en Chine, en Inde, en Grèce. Le stoïcisme grec, qui fut quelque chose de merveilleux et dont le christianisme primitif était infiniment proche, surtout la pensée de saint Jean, était à peu près exclusivement amour de la beauté du monde. Quant à Israël, certains endroits de l'Ancien Testament, dans les Psaumes, dans le livre de Job, dans Isaïe, dans les livres sapientiaux, enferment une expression incomparable de la beauté du monde. L'exemple de saint François montre quelle place la beauté du monde peut tenir dans une pensée chrétienne. Non seulement son poème est de la poésie parfaite, mais toute sa vie fut de la poésie parfaite en action. Par exemple son choix des sites pour les retraites solitaires ou pour la fondation des couvents était par lui-même la plus belle poésie en acte. Le vagabondage, la pauvreté étaient poésie chez lui ; il se mit nu pour être en contact immédiat avec la beauté du monde. Chez saint Jean de la Croix on trouve aussi quelques beaux vers sur la beauté du monde, Mais d'une manière générale, en faisant les réserves convenables pour les trésors inconnus ou peu connus peut-être enfouis parmi les choses oubliées du Moyen Age, on peut dire que la beauté du monde est presque absente de la tradition chrétienne. Cela est étrange. La cause en est difficile à comprendre. C'est une lacune terrible. Comment le christianisme aurait-il droit de se dire catholique, si l'univers lui-même en est absent ? Il est vrai qu'il est peu question de la beauté du monde dans l'Evangile. Mais dans ce texte si court qui, comme le dit saint Jean, est très loin de renfermer tous les enseignements du Christ, les disciples ont sans doute jugé inutile de mettre ce qui concernait un sentiment tellement répandu partout. Cependant il en est question deux fois. Une fois le Christ prescrit de contempler et d'imiter les lis et les oiseaux pour leur indifférence à l'avenir, pour leur docilité au destin ; une autre fois, de contempler et d'imiter la distribution indiscriminée de la pluie et de la lumière du soleil. La Renaissance a cru renouer les liens spirituels avec l'Antiquité pardessus le christianisme, mais elle n'a guère pris à l'Antiquité que les produits seconds de son inspiration, l'art, la science et la curiosité à l'égard des choses humaines ; elle en a à peine effleuré l'inspiration centrale. Elle n'a pas retrouvé le contact avec la beauté du monde. Aux XIe et XIIe siècles il y avait eu le début d'une renaissance qui aurait été la vraie si elle avait pu porter des fruits ; elle commençait à germer notamment dans le Languedoc. Certains vers des troubadours sur le printemps font penser qu'en ce cas l'inspiration chrétienne et l'amour de la beauté du monde n'auraient peut-être pas été séparés. D'ailleurs, l'esprit occitanien mit sa marque en Italie et n'a peut-être pas été étranger à l'inspiration franciscaine. Mais, soit coïncidence, soit plus probablement liaison de cause à effet, ces germes ne survécurent nulle part à la guerre des Albigeois, sinon à l'état de vestiges. Aujourd'hui, on pourrait croire que la race blanche a presque perdu la sensibilité à la beauté du monde, et qu'elle a pris à tâche de la faire disparaître dans tous les continents où elle a porté ses armes, son commerce et sa religion. Comme disait le Christ aux pharisiens : « Malheur à vous ! vous avez enlevé la clef de la connaissance ; vous n'entrez pas et vous ne laissez pas entrer les autres. » Et pourtant à notre époque, dans les pays de race blanche, la beauté du monde est presque la seule voie par laquelle on puisse laisser pénétrer Dieu. Car nous sommes encore bien plus éloignés des deux autres. L'amour et le respect véritables des pratiques religieuses est rare chez ceux mêmes qui y sont assidus, et ne se trouvent presque jamais chez les autres. La plupart n'en conçoivent même pas la possibilité. En ce qui concerne l'usage surnaturel du malheur, la compassion et la gratitude sont non seulement choses rares, mais devenues aujourd'hui pour presque tous presque inintelligibles. L'idée même en a presque disparu ; la signification même des mots est devenue basse. Au lieu que le sentiment du beau, quoique mutilé, déformé et souillé, demeure irréductiblement dans le cœur de l'homme comme un puissant mobile. Il est présent dans toutes les préoccupations de la vie profane. S'il était rendu authentique et pur, il transporterait d'un bloc toute la vie profane aux pieds de Dieu, il rendrait possible l'incarnation totale de la foi. D'ailleurs d'une manière...



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