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E-Book, Französisch, 320 Seiten

Weil Leçons de philosophie

Les entretiens socratiques de Simone Weil
1. Auflage 2019
ISBN: 978-2-322-13539-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

Les entretiens socratiques de Simone Weil

E-Book, Französisch, 320 Seiten

ISBN: 978-2-322-13539-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark



Texte intégral. Cet ouvrage a fait l'objet d'un véritable travail en vue d'une édition numérique. Un travail typographique le rend facile et agréable à lire. On retrouve ici, à travers les notes recueillies par une de ses élèves, ce que furent ces leçons, véritables entretiens socratiques où l'on reconnaît l'unité profonde de l'auteur dont la vie brève fut intensément consacrée à la recherche de la vérité. En 1933-1934, Simone Weil était professeur à Roanne. Dans un petit pavillon isolé au fond d'un parc, sur l'herbe ou sous la neige, elle enseigna alors la philosophie à quelques élèves. On découvrira ici, à travers les notes recueillies par une de ces jeunes filles, ce que furent ces leçons, véritables entretiens socratiques. Le lecteur y reconnaîtra l'unité profonde de Simone Weil dont la vie brève fut intensément consacrée à la recherche de la vérité [texte de présentation de l'édition Plon de 1989]

Née à Paris dans une famille d'origine juive, mais de parents agnostiques, Simone Weil est la soeur cadette du mathématicien André Weil (1906-1998). Enseignante en province, Simone Weil participe, durant l'entre-deux-guerres, aux combats sociaux et syndicaux. Bien que critique envers le marxisme, elle se situe de manière résolue au côté du monde ouvrier. En 1932, sa rencontre avec Boris Souvarine (1895-1984), militant communiste hostile à Staline, la conforte dans son opposition politique à la bourgeoisie ainsi qu'au stalinisme. Elle passe quelques semaines en Allemagne pour tenter de comprendre la montée de l'hitlérisme. A son retour, elle écrit plusieurs articles très lucides pour exprimer ce qu'il risque de survenir. Simone Weil rédige en 1934 son oeuvre majeure, Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale, qui ne sera publiée qu'en 1955 dans "Oppression et liberté". Elle y présente une vision pessimiste de l'avenir de la société, du progrès, de la Révolution, concluant par : "il semblerait que l'homme naisse esclave, et que la servitude soit sa condition propre". En 1934-1935, mettant entre parenthèses sa carrière d'enseignante, elle décide d'expérimenter la condition ouvrière en travaillant dans plusieurs usines. Pendant la guerre d'Espagne, en 1936, Simone Weil s'engage dans la camp des républicains et des anarchistes après le coup d'État du général Franco, mais blessée accidentellement, elle doit bientôt rentrer en France. Après avoir émigré aux Etats-Unis avec ses parents, elle rejoint la France Libre du général de Gaulle à Londres où elle travaille comme rédactrice. Intransigeante, elle ne s'entend pas avec les gaullistes et retourne en France en juillet 1943. Atteinte de tuberculose, elle doit bientôt retourner en Angleterre et meurt le mois suivant au sanatorium d'Ashford. Quelques oeuvres : - Réflexions sur la guerre (1933, revue La Critique sociale), - Carnet de bord (1933-1934), - Un soulèvement prolétarien à Florence au XIVe siècle (1934, revue La Critique sociale), - Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (1934, revue "La révolution prolétarienne"), - La Condition ouvrière (1937), - Quelques réflexions sur les origines de l'hitlérisme (1939), - Note sur la suppression générale des partis politiques (1940) - La Pesanteur et la Grâce (1940-1942) - Cahiers (1940-1942), - Intuitions pré-chrétiennes (1941-1942), - L'Enracinement (1943).

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VI
RÔLE DU CORPS
DANS LA PENSÉE
Il y a deux phénomènes qui constituent la marque du corps sur la pensée : l'imagination et l'habitude (= mémoire, quand on la rapporte à la pensée). Plus nous serons honnêtement matérialistes dans cette étude, plus nous aurons, ensuite, d'armes contre les matérialistes. On peut donc dire que le matérialisme et le spiritualisme sont corrélatifs. C'est en étudiant la matière que nous trouverons l'esprit. La première chose que le corps fournisse à la pensée, c'est l'apparence sensible. Nous allons donc étudier : A) LES SENS - LES SENSATIONS
1- La vue : Premier essai pour rechercher ce que la vue nous apprend d'un objet (chaise) : distinction entre la chaise et le fond ; entre le dossier, le siège, les pieds. dossier : du brun, des marbrures sombres, des taches claires. siège comme le dossier. pieds multiplicité, forme, longueur, teinte plus foncée. Discussion : a) Nos yeux ne font pas la distinction. b) Les yeux savent-ils quel est le lieu de telle tache claire ? Ils savent au moins qu'elle est devant nous ? mais non, nos yeux ne connaissent pas de derrière, donc pas non plus de devant. La distance n'existe pas pour la vue ; les yeux ne peuvent s'approprier leur objet (la vue est le sens qui admire, le toucher est le sens qui possède. (Cf. poésie de Valéry sur Narcisse, ou enfant qui casse un jouet pour mieux le posséder.) Supprimer les distances, cela détruit intégralement notre univers. Toutes les couleurs sont-elles alors sur un même plan ? On est tenté de le croire par analogie avec les tableaux, les miroirs. Mais où se trouve ce plan ? Est-il devant nous, derrière nous ? se déplacerait-il avec nous ? Qu'y a-t-il devant, derrière ce plan ? Peut-on concevoir un plan sans idée de devant, de derrière ? Non. L'idée de plan implique l'idée de la section d'un espace à trois dimensions, la séparation entre les deux moitiés de cet espace divisé par ce plan, l'égalité des distances entre les points du plan et les points correspondants des plans parallèles, etc... Les couleurs ne sont donc sur aucun plan. Il n'y a pas d'espace pour la vue. c) Les objets ont-ils une forme pour la vue ? Non : il est impossible d'avoir l'idée d'une forme sans l'idée d'un mouvement ; une ligne droite ou courbe est quelque chose qu'on parcourt (mouvement des yeux, du doigt, du crayon). Le mouvement n'appartient pas aux yeux. d) Il ne reste que les couleurs ? Mais il est impossible de donner un nom aux couleurs qu'on voit. Chaque point coloré a sa couleur propre qui ne ressemble à aucune autre, car y a-t-il des différences plus ou moins grandes, pour la vue, entre les couleurs ? Les degrés entre différences supposent des séries que nous devons composer et que nous composons en imagination en nous servant des séries que nous pourrions composer matériellement. Toutes les lois qu'il y a série, il y a activité de l'esprit. On peut composer des séries de couleurs (du bleu au rouge par le violet) de telle manière que chaque terme soit difficile à discerner des termes voisins. On ne peut donc pas parler de séries, ni de différences plus ou moins grandes par rapport à la vue seule. Dès que deux couleurs apparaissent comme distinctes, elles le sont absolument. On n'établit pas de séries entre les deux, car on ne peut ranger des couleurs en séries qu'en les rattachant à des quantités (proportion décroissante du bleu). Or, pour la seule vue, pas de quantité. Il n'y a pas à proprement parler de différence entre les qualités. Les différences entre les qualités sont des différences de nature, non de degré. Les séries de qualités reposent toujours sur les conditions de production des dites qualités (cf. Bergson, Essai, p. 34). Or, les conditions de la production d'une qualité n'ont rien à voir avec la qualité en tant qu'apparence. Donc, chaque point coloré a sa couleur propre, qui ne ressemble à aucune autre, et chaque point coloré se transforme entièrement d'un instant à l’autre. Il y a donc une diversité absolue dans l'espace et dans le temps. La vue -nous présente un ensemble infiniment divers et changeant. À un moment déterminé, la vue ne nous apprend rien de précis sur l'ensemble hétérogène qu'elle nous présente. Nous ne pourrions donc rien en dire si le temps s'arrêtait. Or, le temps ne s'arrête pas. À peine avons-nous pris conscience de l'ensemble de couleurs que nous donne la vue, que cet ensemble disparaît complètement et se trouve remplacé par un autre qui n'a rien de commun avec lui et qui disparaît à son tour. En conclusion, la vue par elle-même ne nous donne rien. 2) Le toucher (passif, c'est-à-dire sans mouvement). On peut faire la même analyse. Il ne nous donne ni les distances ni les formes. Il n'y a pas plus d'espace pour le toucher passif que pour la vue. Les sensations que nous donne le toucher passif (dur, mou, rugueux, chaud, froid, etc...) forment un ensemble aussi étroitement mélangé et aussi hétérogène que l'ensemble des couleurs. Le toucher passif, qui ne donne pas le lien des objets, donne-t-il au moins le lieu du corps impressionné ? Illusions des amputés. Cas où on souffre sans savoir où. La douleur ne nous dit pas par elle-même d'où elle vient (cas où on a mal à une dent saine quand c'est la voisine qui est cariée). On assigne un lieu à la douleur en mettant en mouvement on en touchant successivement plusieurs parties du corps. En elle-même, la douleur est une qualité pure, un état d'âme qui n'est attaché à aucun lieu. Donc, le toucher nous apporte des sensations qualitativement diverses, mais qui n'ont pas plus de lieu que celles de la vue. 3) L’ouïe : le son ne se trouve pas dans la cause du son. Le son n'est en aucun lieu, pas plus que la couleur, et il n'est qu'un objet du sens de l'ouïe. Notre oreille ne peut pas nous dire d'où vient le son, car elle ne sait même pas si le son a une cause. 4) Odorat : 5) Goût : mêmes analyses. Conclusion sur les sens : Donc, aucun sens ne nous apprend qu'il y a d'autres sens. Aucun sens ne nous apprend le rapport entre les sensations qu'il donne et les sensations que donnent les autres sens. La vue ne nous apprend rien sur les yeux, ni l'ouïe sur l'oreille, etc..., ces sens étant exercés passivement. Ce que nous pouvons dire sur l'exercice des sens en dehors du mouvement, c'est que - nous avons des sensations d'une variété infinie et qui ne nous apprennent rien du tout. LE SENS DU MOUVEMENT
Le mouvement nous procure toujours des sensations de l'ordre du toucher, de coenesthésie, de douleur, qui impliquent un changement. Mais le changement est qualitatif, le mouvement est quantitatif. La question est de savoir comment nous passons d'un changement qualitatif à un mouvement quantitatif qui se déroule dans l'espace. Les changements sensibles perçus dans le mouvement ne nous donnent pas encore l'espace : Il n'y a, par exemple, aucun espace dans la douleur ; notre douleur comme pensée est aussi grande que le monde (si on regarde un beau paysage quand on a une violente douleur on ne peut l'admirer. La douleur envahit tout notre univers ; si, quand on a mal aux dents, la douleur restait localisée dans la dent on pourrait lire, admirer, etc... ) La sorte de douleur que donne le mouvement n'est donc pas plus localisée. Le contact ne donne pas l'espace. Le fait que les sensations qui ne renferment pas l'espace changent ne nous donne pas l'espace. Théorie de l’innervation On sent le moment où l'influx nerveux est transmis au nerf moteur. Le sentiment de l'influx nerveux serait celui de produire un effort musculaire. Expérience : On peut se donner le sentiment de l'effort sans produire d'effort. Mais c'est l'arrêt de la respiration, la tension des muscles qui, dans ce cas, donne la sensation d'effort. Maintenant, peut-on avoir directement le sentiment de l'effort ? Est-ce qu'on sent l'effort en tant qu'on le produit ou en tant qu'on en est victime ? Sentons-nous seulement les conséquences de notre activité, ou notre activité elle-même ? Prenons-nous par habitude les conséquences pour l'activité elle-même, comme dans l'ouïe nous prenons la cause du son pour le son lui-même ? Il y a une chose...



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