E-Book, Französisch, 461 Seiten
Sue Les Mystères du peuple
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-39705-1
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Tome X
E-Book, Französisch, 461 Seiten
ISBN: 978-2-322-39705-1
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
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Histoire d'une famille de prolétaires à travers les âges. (16 volumes.) Tome X La Bible de poche ou La Famille de Christian l'imprimeur 1534 - 1610. 1re partie.
Marie-Joseph Sue dit Eugène Sue, né le 26 janvier 1804 à Paris et mort en exil le 3 août 1857 à Annecy-le-Vieux, est un écrivain français. Il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons à caractère social : Les Mystères de Paris et Le Juif errant.
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L’AUTEUR AUX ABONNÉS DES MYSTÈRES DU PEUPLE
CHERS LECTEURS, Nous abordons l’histoire du seizième siècle, où s’est produit l’un des faits capitaux de nos annales plébéiennes : la grande réforme religieuse qui donna naissance au luthérianisme, au calvinisme, et autres Églises évangéliques, désormais séparées de l’Église catholique, apostolique et romaine ; ces sectes dissidentes forment ce que l’on appelle aujourd’hui : le protestantisme. Quelques citations empruntées, selon notre coutume, à des documents historiques d’une incontestable autorité, garantiront la scrupuleuse réalité de notre récit et nous mettront à même d’examiner sommairement ces trois points d’une extrême importance : – Des causes de la réforme religieuse au seizième siècle. – Du caractère des guerres religieuses. – Des conséquences morales, civiles et politiques de la réforme. DES CAUSES DE LA RÉFORME. Il est un fait hors de toute discussion, un fait acquis au libre domaine de l’histoire : les monstruosités commises par certains papes, entre autres ALEXANDRE VI et JULES II ; les abus, les exactions, les scandales du clergé soulevèrent, au commencement du seizième siècle, l’indignation des gens de bien, laïques ou ecclésiastiques ; jamais heure ne fut plus propice à l’avènement de cette réforme, dont les Ariens, les Pélagiens, les Albigeois, les Vaudois, furent, ainsi que vous l’avez vu, d’âge en âge, les courageux précurseurs : la mesure comblée, un pape la fit déborder ; cependant, ce pontife n’était ni un féroce batailleur comme JULES II, ni un exécrable incestueux comme ALEXANDRE VI, qui partageait les horribles faveurs de sa fille, Lucrèce Borgia, avec le cardinal Borgia, frère de cette créature ; non, LÉON X, homme d’un caractère aimable, facile, d’un esprit cultivé, sceptique, railleur, de mœurs libertines, se livrait à une prodigalité effrénée, de sorte qu’à bout de ressources, il imagina de battre monnaie en vendant des indulgences à la chrétienté. Nous ne vous citerons pas à ce sujet, chers lecteurs, des écrivains laïques, mais des auteurs ecclésiastiques. Nous lisons, dans l’Histoire du Luthérianisme, par le père LOUIS MAIMBOURG (Paris, 1680, in-4°) : « La créance des catholiques a toujours esté, que le fils de Dieu a donné à son Église le pouvoir de délier le pécheur pénitent, non-seulement des liens de ses péchés, par le mérite de la passion de Jésus-Christ, qu’on lui applique au sacrement de pénitence ; mais aussi des liens de la peine qu’il devrait subir en ce monde ou en l’autre, afin de satisfaire à la justice divine pour les péchés qu’il commet après le baptême. C’est ce qui s’appelle INDULGENCES ; l’on ne la donne jamais qu’en satisfaisant pleinement à Dieu, par le prix infini des souffrances de son fils qu’on luy offre pour le payement de cette dette. (P. 5.) » Cet usage, qui a toujours persévéré dans l’Église après les persécutions, se trouve autorisé, non-seulement par les anciens papes, mais aussi par les conciles de, etc., etc. (P. 6.) » De plus, les pasteurs de l’Église, et surtout les papes, souverains dispensateurs de ce trésor, le peuvent appliquer aux vivants, par la puissance des clefs, et aux morts, par voye de suffrage, pour les délivrer de la peine due à leurs péchés, en tirant, et offrant à Dieu de ce trésor, autant qu’il en faut pour satisfaire à cette dette. (P. 6.) » Il faut avouer, néanmoins que, comme l’on peut abuser des choses les plus saintes, et le plus saintement établies, il s’est aussi glissé, de tout temps, d’assez grands abus dans la distribution de ces grâces de l’Église, ou de ces indulgences… » Celuy qui remplissoit alors (1517) depuis environ cinq ans le siège de saint Pierre, estoit Léon X, de la très-illustre maison de Médicis, duquel on peut dire fort véritablement : qu’ayant esté élevé par la faction des jeunes cardinaux à cette dignité suprême de l’Église, à l’âge de trente-sept ans, il y fit éclater toutes les perfections d’un grand prince, sans avoir toutes celles d’un grand pape ; or, comme son inclination naturelle le portoit à tout ce qu’il y avoit de grand et de magnifique, il avoit entrepris d’achever le superbe édifice de la basilique de Saint-Pierre, et de remplir son épargne épuisée par ses dépenses excessives, beaucoup plus dignes d’un puissant monarque de la terre que d’un pontife, il eut recours, à l’exemple du pape Jules II, aux INDULGENCES, qu’il fit publier par toute la chrétienté. (P. 9.) » Il y a des auteurs qui assurent que l’on mit en quelque manière ces indulgences en parti (en ferme), et que, pour avoir promptement de l’argent comptant, on afferma tout ce que l’on en pouvoit tirer à ceux qui en donnoient le plus, et qui ensuite, non-seulement pour se rembourser, mais aussi pour s’enrichir par un commerce si honteux (p 9), faisoient choisir des prédicateurs d’indulgences et des questeurs, qu’ils croyoient les plus propres (étant bien payés) à faire en sorte que le peuple, pour gagner ces pardons, contribuast tout ce que ces avares et sacrilèges partisans en prétendoient tirer. (P. 10.) » Quelques-uns de ces prédicateurs ne manquèrent pas aussi de leur costé, comme il arrive assez souvent, d’outrer le sujet qu’ils traitoient, et d’exagérer tellement le prix et la valeur des indulgences, qu’ils donnèrent occasion au peuple de croire : qu’on estoit assuré de son salut, et de délivrer les âmes du purgatoire aussitôt qu’on avoit donné l’argent qu’on demandoit pour les lettres qui témoignoient qu’on avoit gagné l’indulgence ; ce qui causa sans doute du scandale. Mais ce qui l’augmenta beaucoup, et qui pensa plus d’une fois exciter de grands troubles parmi le petit peuple, fut qu’on voyoit les commis de ces partisans qui avoient acheté le profit de ces indulgences, faire tous les jours grande chère dans les cabarets, et employer en toutes sortes de débauches une partie de cet argent, que les pauvres disoient leur être cruellement ravi, puisqu’on faisoit, par cette espèce de trafic et de vente des indulgences, une grande diversion des aumônes qu’on leur eust faites. » (P 10-12.) Nous avons entendu le père LOUIS MAIMBOURG ; écoutons maintenant un autre écrivain ecclésiastique, de qui la parole a toujours fait loi dans l’histoire de l’Église. Nous lisons, dans l’HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE de M. l’abbé Fleury, t. XXV, depuis l’an 1508 jusqu’en 1550 : (Paris, 1729, in-4°.) « Léon X, qui aimait la dépense, ne trouvoit ni dans les revenus de l’État ecclésiastique, ni dans ceux qu’il recevoit des autres provinces chrétiennes, de quoi se satisfaire ; il fut donc obligé d’avoir recours à des voyes extraordinaires ; il accorda à tous ceux qui voudroient contribuer à l’édifice de Saint-Pierre, des indulgences à des conditions si aisées, qu’il auroit fallu n’être guère soigneux de son salut pour ne le pas gagner. (P. 476.) Cependant, afin d’établir quelque ordre dans la levée de l’argent qui devoit en provenir, toute la chrétienté fut divisée en divers départements, et l’on établit dans chacun des collecteurs pour recevoir l’argent ; de plus, on fit choix de certains prédicateurs qui étoient chargés d’instruire le peuple de la vertu des indulgences et des dispositions nécessaires pour les gagner. »…… Ces prédicateurs (les dominicains) furent accusés d’outrer la matière, de trop exagérer le pouvoir des indulgences, et d’énerver entièrement les travaux de la pénitence, en sorte qu’ils estoient soupçonnés de persuader au peuple qu’on estoit assuré de son salut, aussitôt qu’on auroit compté l’argent nécessaire pour gagner l’indulgence. De plus, ces prédicateurs faisoient un trafic honteux de ces sacrés trésors de l’Église ; ils tenoient leurs bureaux dans des cabarets où l’on voyoit que les trésoriers consumoient en débauches une partie de l’argent qu’ils recevoient. » (P, 489.) Indigné de cet odieux trafic, LUTHER, le premier, jeta le cri de réforme. Il eut, en Europe, un foudroyant écho ; cependant Léon X maintint et soutint l’orthodoxie de son commerce d’indulgences. Citons encore : « Léon X publia le neuvième de décembre un décret en faveur des indulgences, et l’adressa au cardinal Caïetan. Il y déclare : que la doctrine de l’Église romaine, maîtresse de toutes les autres, étoit que le souverain pontife, successeur de saint Pierre, et vicaire de Jésus-Christ, avoit le pouvoir de remettre, en vertu des clefs, la coulpe et la peine des péchés : la coulpe par le sacrement de pénitence, et la peine temporelle due pour les péchés actuels à la justice divine, par le moyen des indulgences ; qu’il les peut accorder pour de justes causes aux fidèles qui sont les membres de Jésus-Christ ; que leur utilité ne s’étendoit pas seulement aux vivants, mais encore aux fidèles décédés sans la grâce de Dieu ; que ces indulgences sont tirées de la surabondance des mérites de Jésus-Christ et des saints, du trésor desquels le pape est le dispensateur, tant par forme d’absolution que par forme de suffrage ; que la créance de ces articles est indispensable ; que quiconque croira ou prêchera le contraire, sera retranché de la communion de l’Église catholique, et excommunié d’une...