Sue | Les mystères de Paris | E-Book | sack.de
E-Book

E-Book, Französisch, 492 Seiten

Sue Les mystères de Paris

Tome II
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-38112-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

Tome II

E-Book, Französisch, 492 Seiten

ISBN: 978-2-322-38112-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark



Voici un roman mythique, presque à l'égal du Comte de Monte-Cristo ou des Trois mousquetaires, un grand roman d'aventures, foisonnant, qui nous décrit un Paris mystérieux et inconnu, dévoilé dans ses recoins les plus secrets, un Paris exotique où les apaches de Paris remplacent ceux de l'Amérique. Errant dans les rues sombres et dangereuses de la Cité, déguisé en ouvrier, le prince Rodolphe de Gérolstein sauve une jeune prostituée, Fleur-de-Marie, dite la Goualeuse, des brutalités d'un ouvrier, le Chourineur. Sans rancune contre son vainqueur, le Chourineur entraîne Rodolphe et Fleur-de-Marie dans un tripot, Au Lapin Blanc. Là, le Chourineur et Fleur-de-Marie content leur triste histoire à Rodolphe. Tous deux, livrés dès l'enfance à l'abandon et à la misère la plus atroce, malgré de bons instincts, sont tombés dans la dégradation: le meurtre pour le Chourineur, dans un moment de violence incontrôlée, la prostitution pour Fleur-de-Marie. Rodolphe se fait leur protecteur et entreprend de les régénérer en les arrachant à l'enfer du vice et de la misère où ils sont plongés...

Marie-Joseph Sue dit Eugène Sue, né le 26 janvier 1804 à Paris et mort en exil le 3 août 1857 à Annecy-le-Vieux, est un écrivain français. Il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons à caractère social : Les Mystères de Paris et Le Juif errant.

Sue Les mystères de Paris jetzt bestellen!

Autoren/Hrsg.


Weitere Infos & Material


QUATRIÈME PARTIE
I

Louise

Morel, ses cheveux gris hérissés par le désespoir et par l’effroi, restait immobile, tenant sa fille morte entre ses bras. Il la contemplait d’un œil fixe, sec et rouge. – Morel, Morel… donne-moi Adèle ! s’écriait la malheureuse mère en étendant les bras vers son mari. Ce n’est pas vrai… non, elle n’est pas morte… tu vas voir, je vais la réchauffer… La curiosité de l’idiote fut excitée par l’empressement des deux recors à s’approcher du lapidaire, qui ne voulait pas se séparer du corps de son enfant. La vieille cessa de hurler, se leva de sa couche, s’approcha lentement, passa sa tête hideuse et stupide par-dessus l’épaule de Morel… et pendant quelques moments l’aïeule contempla le cadavre de sa petite-fille… Ses traits gardèrent leur expression habituelle d’hébétement farouche ; au bout d’une minute, l’idiote fit entendre une sorte de bâillement caverneux, rauque comme celui d’une bête affamée ; puis, retournant à son grabat, elle s’y jeta en criant : – A faim ! A faim ! – Vous voyez, messieurs, vous voyez, une pauvre petite fille de quatre ans, Adèle… Elle s’appelle Adèle. Je l’ai embrassée hier au soir encore ; et ce matin… Voilà ! vous me direz que c’est toujours celle-là de moins à nourrir, et que j’ai du bonheur, n’est-ce pas ? dit l’artisan d’un air hagard. Sa raison commençait à s’ébranler sous tant de coups réitérés. – Morel, je veux ma fille ; je la veux ! s’écria Madeleine. – C’est vrai, chacun à son tour, répondit le lapidaire. Et il alla poser l’enfant dans les bras de sa femme. Puis il se cacha la figure entre ses mains en poussant un long gémissement. Madeleine, non moins égarée que son mari, enfouit dans la paille de son grabat le corps de sa fille, le couvant des yeux avec une sorte de jalousie sauvage, pendant que les autres enfants, agenouillés, éclataient en sanglots. Les recors, un moment émus par la mort de l’enfant, retombèrent bientôt dans leur habitude de dureté brutale. – Ah çà, voyons, camarade, dit Malicorne au lapidaire, votre fille est morte, c’est un malheur ; nous sommes tous mortels ; nous n’y pouvons rien, ni vous non plus… Il faut nous suivre ; nous avons encore un particulier à pincer, car le gibier donne aujourd’hui. Morel n’entendait pas cet homme. Complètement égaré dans de funèbres pensées, l’artisan se disait d’une voix sourde et saccadée : – Il va pourtant falloir ensevelir ma petite fille… la veiller… ici… jusqu’à ce qu’on vienne l’emporter… L’ensevelir ! mais avec quoi ? Nous n’avons rien… Et le cercueil… qui est-ce qui nous fera crédit ? Oh ! un cercueil tout petit… pour un enfant de quatre ans… ça ne doit pas être cher… et puis pas de corbillard… on prend ça sous son bras… Ah ! ah ! ah ! ajouta-t-il avec un éclat de rire effrayant, comme j’ai du bonheur !… Elle aurait pu mourir à dix-huit ans à l’âge de Louise, et on ne m’aurait pas fait crédit d’un grand cercueil… – Ah çà, mais minute ! ce gaillard-là est capable d’en perdre la boule, dit Bourdin à Malicorne ; regarde donc ses yeux… il fait peur… Allons, bon !… et la vieille idiote qui hurle de faim !… quelle famille !… – Faut pourtant en finir… Quoique l’arrestation de ce mendiant-là ne soit tarifée qu’à soixante-seize francs soixante-quinze centimes, nous enflerons, comme de juste, les frais à deux cent quarante ou deux cent cinquante francs. C’est le loup[1] qui paie… – Dis donc qui avance ; car c’est ce moineau-là qui payera les violons… puisque c’est lui qui va la danser. – Quand celui-là aura de quoi payer à son créancier deux mille cinq cents francs pour capital, intérêts, frais et tout… il fera chaud… – Ça ne sera pas comme ici, car on gèle…, dit le recors en soufflant dans ses doigts. Finissons-en, emballons-le, il pleurnichera en chemin… Est-ce que c’est notre faute, à nous, si sa petite est crevée ?… – Quand on est aussi gueux que ça on ne fait pas d’enfants. – Ça lui apprendra ! ajouta Malicorne ; puis, frappant sur l’épaule de Morel : Allons, allons, camarade, nous n’avons pas le temps d’attendre ; puisque vous ne pouvez pas payer, en prison ! – En prison, M. Morel ! s’écria une voix jeune et pure. Et une jeune fille brune, fraîche, rose et coiffée en cheveux, entra vivement dans la mansarde. – Ah ! Mlle Rigolette, dit un des enfants en pleurant, vous êtes si bonne ! Sauvez papa, on veut l’emmener en prison, et notre petite sœur est morte… – Adèle est morte ! s’écria la jeune fille, dont les grands yeux noirs et brillants se voilèrent de larmes. Votre père en prison ! Ça ne se peut pas… Et, immobile, elle regardait tour à tour le lapidaire, sa femme et les recors. Bourdin s’approcha de Rigolette. – Voyons, ma belle enfant, vous qui avez votre sang-froid, faites entendre raison à ce brave homme ; sa petite fille est morte, à la bonne heure ! Mais il faut qu’il nous suive à Clichy… à la prison pour dettes : nous sommes gardes du commerce… – C’est donc vrai ? s’écria la jeune fille. – Très-vrai ! La mère a la petite dans son lit, on ne peut pas la lui ôter ; ça l’occupe… Le père devrait profiter de ça pour filer. – Mon Dieu ! mon Dieu, quel malheur ! s’écria Rigolette, quel malheur ! Comment faire ? – Payer ou aller en prison, il n’y a pas de milieu ; avez-vous deux ou trois billets de mille à leur prêter ? demanda Malicorne d’un air goguenard ; si vous les avez, passez à votre caisse, et aboulez les noyaux, nous ne demandons pas mieux. – Ah ! c’est affreux ! dit Rigolette avec indignation. Oser plaisanter devant un pareil malheur ! – Eh bien ! sans plaisanterie, reprit l’autre recors, puisque vous voulez être bonne à quelque chose, tâchez que la femme ne nous voie pas emmener le mari. Vous leur éviterez à tous les deux un mauvais quart d’heure. Quoique brutal, le conseil était bon ; Rigolette le suivit et s’approcha de Madeleine. Celle-ci, égarée par le désespoir, n’eut pas l’air de voir la jeune fille, qui s’agenouilla auprès du grabat avec les autres enfants. Morel n’était revenu de son égarement passager que pour retomber sous le coup des réflexions les plus accablantes ; plus calme, il put contempler l’horreur de sa position. Décidé à cette extrémité, le notaire devait être impitoyable, les recors faisaient leur métier. L’artisan se résigna. – Ah çà ! marchons-nous à la fin ? lui dit Bourdin. – Je ne peux pas laisser ces diamants ici ; ma femme est à moitié folle, dit Morel en montrant les diamants épars sur son établi. La courtière pour qui je travaille doit venir les chercher ce matin ou dans la journée ; il y en a pour une somme considérable. – Bon, dit Tortillard, qui était toujours resté auprès de la porte entrebâillée, bon, bon, la Chouette saura ça. – Accordez-moi seulement jusqu’à demain, reprit Morel, afin que je puisse remettre ces diamants à la courtière. – Impossible ! Finissons tout de suite ! – Mais je ne veux pas, en laissant ces diamants ici, les exposer à être perdus. – Emportez-les avec vous, notre fiacre est en bas, vous le payerez avec les frais. Nous irons chez votre courtière : si elle n’y est pas, vous déposerez ces pierreries au greffe de Clichy ; ils seront aussi en sûreté là qu’à la banque… Voyons, dépêchons-nous ; nous filerons sans que votre femme et vos enfants vous aperçoivent. – Accordez-moi jusqu’à demain, que je puisse faire enterrer mon enfant ! demanda Morel d’une voix suppliante et altérée par les larmes qu’il contraignait. – Non !… voilà plus d’une heure que nous perdons ici… – Cet enterrement vous attristerait encore, ajouta Malicorne. – Ah ! oui… cela m’attristerait, dit Morel avec amertume. Vous craignez tant d’attrister les gens !… Alors un dernier mot. – Voyons, sacrebleu ! dépêchez-vous !… dit Malicorne avec une impatience brutale. – Depuis quand avez-vous l’ordre de m’arrêter ? – Le jugement a été rendu il y a quatre mois, mais c’est hier que notre huissier a reçu l’ordre du notaire de le mettre à exécution… – Hier seulement ?… pourquoi si tard ?… – Est-ce que je le sais, moi ?… Allons, votre paquet ! – Hier !… et Louise n’a pas paru ici : où est-elle ? Qu’est-elle devenue ? dit le lapidaire en tirant de l’établi une boîte de carton remplie de coton, dans laquelle il rangea les pierres. Mais ne pensons pas à cela… En prison j’aurai le temps d’y songer. – Voyons, faites vite votre paquet et habillez-vous. – Je n’ai pas de paquet à faire, je n’ai que ces diamants à emporter pour les consigner au greffe. – Habillez-vous alors !… – Je n’ai pas d’autres vêtements que ceux-là. – Vous allez sortir avec ces guenilles ! dit Bourdin. – Je vous ferai honte, sans doute ? dit le lapidaire avec amertume. – Non, puisque nous allons dans votre fiacre, répondit Malicorne. – Papa, maman t’appelle, dit un des enfants. – Écoutez, murmura rapidement Morel en s’adressant à un...



Ihre Fragen, Wünsche oder Anmerkungen
Vorname*
Nachname*
Ihre E-Mail-Adresse*
Kundennr.
Ihre Nachricht*
Lediglich mit * gekennzeichnete Felder sind Pflichtfelder.
Wenn Sie die im Kontaktformular eingegebenen Daten durch Klick auf den nachfolgenden Button übersenden, erklären Sie sich damit einverstanden, dass wir Ihr Angaben für die Beantwortung Ihrer Anfrage verwenden. Selbstverständlich werden Ihre Daten vertraulich behandelt und nicht an Dritte weitergegeben. Sie können der Verwendung Ihrer Daten jederzeit widersprechen. Das Datenhandling bei Sack Fachmedien erklären wir Ihnen in unserer Datenschutzerklärung.