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E-Book, Französisch, 1242 Seiten

Sue Le Juif errant

Tome II
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-38107-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

Tome II

E-Book, Französisch, 1242 Seiten

ISBN: 978-2-322-38107-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
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Après un Prologue merveilleux: la rencontre, de part et d'autre du détroit de Béring, du Juif errant et de sa soeur Hérodiade, le lecteur se trouve plongé en pleine action contemporaine. Le roman nous conte en effet les multiples péripéties de la lutte menée (d'octobre 1831 à juin 1832) entre les héritiers de Marius de Rennepont, protestant persécuté au XVIIe siècle, et descendant du Juif errant, et les membres de la Compagnie de Jésus, bien décidés à capter la fortune des Rennepont, qui, accumulée depuis des siècles, est devenue immense. Les descendants de Marius de Rennepont sont au nombre de sept. Tous ces personnages ont été mystérieusement convoqués pour le 13 février 1832 à Paris, où doit leur être remise la fortune convoitée par les jésuites, à la tête desquels se trouvent un séduisant prêtre mondain, l'abbé d'Aigrigny, et le vieux, laid, pauvre, mais énergique Rodin...

Marie-Joseph Sue dit Eugène Sue, né le 26 janvier 1804 à Paris et mort en exil le 3 août 1857 à Annecy-le-Vieux, est un écrivain français. Il est principalement connu pour deux de ses romans-feuilletons à caractère social : Les Mystères de Paris et Le Juif errant.

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Treizième partie. Un protecteur
I. Les soupçons. Mlle de Cardoville s’avança vivement au devant de la Mayeux et lui dit d’une voix émue en lui tendant les bras :   – Venez… venez… il n’y a plus maintenant de grille qui nous sépare !   À cette allusion, qui lui rappelait que naguère sa pauvre mais laborieuse main avait été respectueusement baisée par cette belle et riche patricienne, la jeune ouvrière éprouva un sentiment de reconnaissance à la fois ineffable et fier. Comme elle hésitait à répondre à l’accueil cordial d’Adrienne, celle-ci l’embrassa avec une touchante effusion. Lorsque la Mayeux se vit entourée des bras charmants de Mlle de Cardoville, lorsqu’elle sentit les lèvres fraîches et fleuries de la jeune fille s’appuyer fraternellement sur ses joues pâles et maladives, elle fondit en larmes sans pouvoir prononcer une parole.   Rodin, retiré dans un coin de la chambre, regardait cette scène avec un secret malaise ; instruit du refus de dignité opposé par la Mayeux aux tentations perfides de la supérieure du couvent de Sainte-Marie, sachant le dévouement profond de cette généreuse créature pour Agricol, dévouement qui s’était si valeureusement reporté depuis quelques jours sur Mlle de Cardoville, le jésuite n’aimait pas à voir celle-ci prendre à tâche d’augmenter encore cette affection. Il pensait sagement qu’on ne doit jamais dédaigner un ennemi ou un ami, si petits qu’ils soient. Or, son ennemi était celui-là qui se dévouait à Mlle de Cardoville ; puis enfin, on le sait, Rodin alliait à une rare fermeté de caractère certaines faiblesses superstitieuses, et il se sentait inquiet de la singulière impression de crainte que lui inspirait la Mayeux : il se promit de tenir compte de ce pressentiment ou de cette prévision.   * * * * *   Les cœurs délicats ont quelquefois dans les petites choses des instincts d’une grâce, d’une bonté charmantes. Ainsi, après que la Mayeux eut versé d’abondantes et douces larmes de reconnaissance, Adrienne, prenant un mouchoir richement garni, en essuya pieusement les pleurs qui inondaient le mélancolique visage de la jeune ouvrière.   Ce mouvement, si naïvement spontané, sauva la Mayeux d’une humiliation ; car, hélas ! humiliation et souffrance, tels sont les deux abîmes que côtoie sans cesse l’infortune : aussi, pour l’infortune, la moindre délicate prévenance est-elle presque toujours un double bienfait. Peut-être va-t-on sourire de dédain au puéril détail que nous allons donner pour exemple ; mais la pauvre Mayeux, n’osant pas tirer de sa poche son vieux petit mouchoir en lambeaux, serait longtemps restée aveuglée par ses larmes, si Mlle de Cardoville n’était pas venue les essuyer.   – Vous êtes bonne… oh ! vous êtes noblement charitable… mademoiselle !   C’est tout ce que put dire l’ouvrière d’une voix profondément émue, et encore plus touchée de l’attention de Mlle de Cardoville qu’elle ne l’eût peut-être été d’un service rendu.   – Regardez-la… monsieur, dit Adrienne à Rodin, qui se rapprocha vivement. Oui… ajouta la jeune patricienne avec fierté… c’est un trésor que j’ai découvert… Regardez-la, monsieur, et aimez-la comme je l’aime, honorez-la comme je l’honore. C’est un de ces cœurs… comme nous les cherchons.   – Et comme nous les trouvons, Dieu merci ! ma chère demoiselle, dit Rodin à Adrienne en s’inclinant devant l’ouvrière.   Celle-ci leva lentement les yeux sur le jésuite ; à l’aspect de cette figure cadavéreuse qui lui souriait avec bénignité, la jeune fille tressaillit ; chose étrange ! elle n’avait jamais vu cet homme, et instantanément elle éprouva pour lui presque la même impression de crainte, d’éloignement, qu’il venait de ressentir pour elle. Ordinairement timide et confuse, la Mayeux ne pouvait détacher son regard de celui de Rodin ; son cœur battait avec force… ainsi qu’à l’approche d’un grand péril ; et, comme l’excellente créature ne craignait que pour ceux qu’elle aimait, elle se rapprocha involontairement d’Adrienne, tenant toujours ses yeux attachés sur Rodin.   Celui-ci, trop physionomiste pour ne pas s’apercevoir de l’impression redoutable qu’il causait, sentit augmenter son aversion instinctive contre l’ouvrière. Au lieu de baisser les yeux devant elle, il sembla l’examiner avec une attention si soutenue, que Mlle de Cardoville en fut étonnée.   – Pardon, ma chère fille, dit Rodin en ayant l’air de rassembler ses souvenirs et en s’adressant à la Mayeux ; pardon, mais je crois… que je ne me trompe point… n’êtes-vous pas allée, il y a peu de jours, au couvent de Sainte-Marie… ici près ?   – Oui, monsieur…   – Plus de doute… c’est vous !… Où avais-je donc la tête ? s’écria Rodin. C’est bien vous… j’aurais dû m’en douter plus tôt…   – De quoi s’agit-il donc, monsieur ? demanda Adrienne.   – Ah ! vous avez bien raison, ma chère demoiselle, dit Rodin en montrant du geste la Mayeux : Voilà un cœur, un noble cœur, comme nous les cherchons. Si vous saviez avec quelle dignité, avec quel courage cette pauvre enfant, qui manquait de travail, et pour elle manquer de travail c’est manquer de tout ; si vous saviez, dis-je, avec quelle dignité elle a repoussé le honteux salaire que la supérieure du couvent avait eu l’indignité de lui offrir pour l’engager à espionner une famille où elle lui proposait de la placer !…   – Ah !… c’est infâme ! s’écria Mlle de Cardoville avec dégoût. Une telle proposition à cette malheureuse enfant… à elle !…   – Mademoiselle, dit amèrement la Mayeux, je n’avais pas de travail… j’étais pauvre, on ne me connaissait pas… on a cru pouvoir tout me proposer…   – Et moi, je dis, reprit Rodin, que c’était une double indignité de la part de la supérieure de tenter la misère, et qu’il est doublement beau à vous d’avoir refusé.   – Monsieur… dit la Mayeux avec un embarras modeste.   – Oh ! oh ! on ne m’intimide pas, moi, reprit Rodin, louange ou blâme, je dis brutalement ce que j’ai sur le cœur… Demandez à cette chère mademoiselle. Et il indiqua du regard Adrienne. Je vous dirai donc très haut que je pense autant de bien de vous que Mlle de Cardoville en pense elle-même.   – Croyez-moi, mon enfant, dit Adrienne, il est des louanges qui honorent et qui récompensent, qui encouragent… et celles de M. Rodin sont du nombre… Je le sais, oh ! oui… je le sais.   – Du reste, ma chère demoiselle, il ne faut pas me faire tout l’honneur de ce jugement.   – Comment cela, monsieur ?   – Cette chère fille n’est-elle pas la sœur adoptive d’Agricol Baudoin, le brave ouvrier, le poète énergique populaire ? Eh bien ! est-ce que l’affection d’un tel homme n’est pas la meilleure des garanties, et ne permet pas, pour ainsi dire, de juger sur l’étiquette ? ajouta Rodin en souriant.   – Vous avez raison, monsieur, dit Adrienne, car, sans connaître cette chère enfant, j’ai commencé à m’intéresser très vivement à son sort du jour où son frère adoptif m’a parlé d’elle… Il s’exprimait avec tant de chaleur, tant d’abandon que tout de suite j’ai estimé la jeune fille capable d’inspirer un si noble attachement.   Ces mots d’Adrienne, joints à une autre circonstance, troublèrent si vivement la Mayeux que son pâle visage devint pourpre. On le sait, l’infortunée aimait Agricol d’un amour aussi passionné que douloureux et caché ; toute allusion même indirecte à ce sentiment fatal causait à la jeune fille un embarras cruel. Or, au moment où Mlle de Cardoville avait parlé de l’attachement d’Agricol pour la Mayeux, celle-ci avait rencontré le regard observateur et pénétrant de Rodin, fixé sur elle… Seule avec Adrienne, la jeune ouvrière, en entendant parler du forgeron, n’eût éprouvé qu’un sentiment de gêne passager ; mais il lui sembla malheureusement que le jésuite, qui lui inspirait déjà une frayeur involontaire, venait de lire dans son cœur et d’y surprendre le secret du funeste amour dont elle était victime… De là l’éclatante rougeur de l’infortunée, de là son embarras visible, si pénible qu’Adrienne en fut frappée.   Un esprit subtil et prompt comme celui de Rodin au moindre effet recherche aussitôt la cause. Procédant par rapprochement, le jésuite vit d’un côté une fille contrefaite, mais très intelligente et capable d’un dévouement passionné ; de l’autre, un jeune ouvrier, beau, hardi, spirituel et franc. « Élevés ensemble, sympathiques l’un à l’autre par beaucoup de points, ils doivent s’aimer fraternellement, se dit-il, mais l’on ne rougit pas d’un amour fraternel, et la Mayeux a rougi et s’est troublée sous mon regard ; aimerait-elle Agricol d’amour ? » Sur la voie de cette découverte, Rodin voulut poursuivre son inquisition jusqu’au bout. Remarquant la surprise que le trouble visible de la Mayeux causait à Adrienne, il dit à celle-ci en souriant et en désignant la Mayeux d’un signe d’intelligence :   – Hein ! voyez-vous, ma chère demoiselle, comme elle rougit, cette pauvre petite, quand on parle du vif attachement de ce brave ouvrier pour...



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