E-Book, Französisch, Band 1, 830 Seiten
Renan Histoire des origines du christianisme
1. Auflage 2025
ISBN: 978-2-322-62760-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Tome 1
E-Book, Französisch, Band 1, 830 Seiten
Reihe: Histoire des origines du christianisme
ISBN: 978-2-322-62760-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
RENAN Ernest (1823-1892) est un écrivain, philologue, philosophe, épigraphiste et historien français. Il consacre une grande part de son oeuvre aux religions avec notamment son "Histoire des origines du christianisme en 7 volumes, de 1863 à 1881, dont le premier tome est consacré à la Vie de Jésus (1863). Ce livre qui marque les milieux intellectuels de son vivant contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Ceci déclenche des débats passionnés et la colère de l'Église catholique.
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Introduction
Où l’on traite principalement des documents originaux de cette Histoire.
Une histoire des « Origines du Christianisme » devrait embrasser toute la période obscure et, si j’ose le dire, souterraine, qui s’étend depuis les premiers commencements de cette religion jusqu’au moment où son existence devient un fait public, notoire, évident aux yeux de tous. Une telle histoire se composerait de quatre parties. La première, que je présente aujourd’hui au public, traite du fait même qui a servi de point de départ au culte nouveau ; elle est remplie tout entière par la personne sublime du fondateur. La seconde traiterait des apôtres et de leurs disciples immédiats, ou, pour mieux dire, des révolutions que subit la pensée religieuse dans les deux premières générations chrétiennes. Je l’arrêterais vers l’an 100, au moment où les derniers amis de Jésus sont morts, et où tous les livres du Nouveau Testament sont à peu près fixés dans la forme où nous les lisons. La troisième exposerait l’état du christianisme sous les Antonins. On l’y verrait se développer lentement et soutenir une guerre presque permanente contre l’empire, lequel, arrivé à ce moment au plus haut degré de la perfection administrative et gouverné par des philosophes, combat dans la secte naissante une société secrète et théocratique, qui le nie obstinément et le mine sans cesse. Ce livre contiendrait toute l’étendue du IIe siècle. La quatrième partie, enfin, montrerait les progrès décisifs que fait le christianisme à partir des empereurs syriens. On y verrait la savante construction des Antonins crouler, la décadence de la civilisation antique devenir irrévocable, le christianisme profiter de sa ruine, la Syrie conquérir tout l’Occident, et Jésus, en compagnie des dieux et des sages divinisés de l’Asie, prendre possession d’une société à laquelle la philosophie et l’État purement civil ne suffisent plus. C’est alors que les idées religieuses des races établies sur les bords de la Méditerranée se modifient profondément ; que les cultes orientaux prennent partout le dessus ; que le christianisme, devenu une Église très nombreuse, oublie totalement ses rêves millénaires, brise ses dernières attaches avec le judaïsme et passe tout entier dans le monde grec et latin. Les luttes et le travail littéraire du IIIe siècle, lesquels se passent déjà au grand jour, ne seraient exposés qu’en traits généraux. Je raconterais encore plus sommairement les persécutions du commencement du ive siècle, dernier effort de l’empire pour revenir à ses vieux principes, lesquels déniaient à l’association religieuse toute place dans l’État. Enfin je me bornerais à pressentir le changement de politique qui, sous Constantin, intervertit les rôles, et fait, du mouvement religieux le plus libre et le plus spontané, un culte officiel, assujetti à l’État et persécuteur à son tour.
Je ne sais si j’aurai assez de vie et de force pour remplir un plan aussi vaste. Je serai satisfait si, après avoir écrit la vie de Jésus, il m’est donné de raconter comme je l’entends l’histoire des apôtres, l’état de la conscience chrétienne durant les semaines qui suivirent la mort de Jésus, la formation du cycle légendaire de la résurrection, les premiers actes de l’Église de Jérusalem, la vie de saint Paul, la crise du temps de Néron, l’apparition de l’Apocalypse, la ruine de Jérusalem, la fondation des chrétientés hébraïques de la Batanée, la rédaction des Évangiles, l’origine des grandes écoles de l’Asie Mineure. Tout pâlit à côté de ce merveilleux premier siècle. Par une singularité rare en histoire, nous voyons bien mieux ce qui s’est passé dans le monde chrétien de l’an 50 à l’an 75, que de l’an 80 à l’an 150.
Le plan suivi pour cet ouvrage a empêché d’introduire dans le texte de longues dissertations critiques sur les points controversés. Un système continu de notes met le lecteur à même de vérifier d’après les sources toutes les propositions du texte. Dans ces notes, on s’est borné strictement aux citations de première main, je veux dire à l’indication des passages originaux sur lesquels chaque assertion ou chaque conjecture s’appuie. Je sais que, pour les personnes peu initiées à ces sortes d’études, bien d’autres développements eussent été nécessaires. Mais je n’ai pas l’habitude de refaire ce qui est fait et bien fait. Pour ne citer que des livres écrits en français, les personnes qui voudront bien se procurer les ouvrages suivants :
? Études critiques sur l’Évangile de saint Matthieu, par M. Albert Réville, pasteur de l’Église wallonne de Rotterdam1.
? Histoire de la théologie chrétienne au siècle apostolique, par M. Reuss, professeur à la faculté de théologie et au séminaire protestant de Strasbourg.
? Histoire du canon des Écritures saintes dans l’Église chrétienne, par le même.
? Des doctrines religieuses des Juifs pendant les deux siècles antérieurs à l’ère chrétienne, par M. Michel Nicolas, professeur à la faculté de théologie protestante de Montauban.
? Études critiques sur la Bible (Nouveau Testament), par le même.
? Vie de Jésus, par le Dr Strauss, traduite par M. Littré, membre de l’Institut..
? Nouvelle Vie de Jésus, par le même, traduite par MM. Nefftzer et Dollfus.
? Les Évangiles, par M. Gustave d’Eichtal. Première partie : Examen critique et comparatif des trois premiers Évangiles.
Jésus-Christ et les Croyances messianiques de son temps, par T. Golani, professeur à la faculté de théologie et au séminaire protestant de Strasbourg.
? Études historiques et critiques sur les origines du christianisme, par A. Stap.
? Études sur la biographie évangélique, par Rinter de Liessol1.
Revue de théologie et de philosophie chrétienne, publiée sous la direction de M. Colani, de 1850 à 1857.
— Nouvelle Revue de théologie, faisant suite à la précédente, de 1858 à 1862.
— Revue de théologie, troisième série, depuis 1863.
Les personnes, dis-je, qui voudront bien consulter ces écrits, pour la plupart excellents, y trouveront expliqués une foule de points sur lesquels j’ai dû être très succinct. La critique de détail des textes évangéliques, en particulier, a été faite par M. Strauss d’une manière qui laisse peu à désirer. Bien que M. Strauss se soit trompé d’abord dans sa théorie sur la rédaction des Évangiles2, et que son livre ait, selon moi, le tort de se tenir beaucoup trop sur le terrain théologique et trop peu sur le terrain historique3, il est indispensable, pour se rendre compte des motifs qui m’ont guidé dans une foule de minuties, de suivre la discussion toujours judicieuse, quoique parfois un peu subtile, du livre si bien traduit par mon savant confrère M. Littré.
Je crois n’avoir négligé, en fait de témoignages anciens, aucune source d’informations. Cinq grandes collections d’écrits, sans parler d’une foule d’autres données éparses, nous restent sur Jésus et sur le temps où il vécut, ce sont :
1° les Évangiles et en général les écrits du Nouveau Testament ;
2° les compositions dites « Apocryphes de l’Ancien Testament » ;
3° les ouvrages de Philon ;
4° ceux de Josèphe ;
5° le Talmud.
Les écrits de Philon ont l’inappréciable avantage de nous montrer les pensées qui fermentaient au temps de Jésus dans les âmes occupées des grandes questions religieuses. Philon vivait, il est vrai, dans une tout autre province du judaïsme que Jésus ; mais, comme lui, il était très dégagé de l’esprit pharisaïque, qui régnait à Jérusalem ; Philon est vraiment le frère aîné de Jésus. Il avait soixante-deux ans quand le prophète de Nazareth était au plus haut degré de son activité, et il lui survécut au moins dix années. Quel dommage que les hasards de la vie ne l’aient pas conduit en Galilée ! Que ne nous eût-il pas...