Meunier | Comment l'Agneau devint Loup | E-Book | sack.de
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E-Book, Französisch, 144 Seiten

Meunier Comment l'Agneau devint Loup


1. Auflage 2017
ISBN: 978-2-322-08739-6
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

E-Book, Französisch, 144 Seiten

ISBN: 978-2-322-08739-6
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark



Vous vous demandez sans doute comment un agneau peut devenir loup. L'étude de mon cas personnel pourrait vous donner une piste de réflexion. Jusqu'à ma retraite, j'ai été un agneau, ouvert sur les autres, plein d'empathie, serviable. Tout ceci, malgré les piqûres de la vie, les trahisons de faux amis, les attaques injustifiées. J'avais cru que les blessures laissées par ces épreuves étaient guéries. Mais ce n'est pas le cas. Comme le staphylocoque doré, qui pénètre dans le corps et reste discret en attendant l'occasion de sortir, ces blessures sont restées tapies au fond de moi et se sont développées. Il a suffi de quelques piqûres pour qu'elles ressortent massivement, déclenchant la crise menant de l'agneau au loup.

Christian Meunier est né à Paris en 1947. Après des études à l'université d'Aix-Marseille en allemand, phonétique et linguistique générale, il a enseigné le F.L.E., au Tchad ( 1972-1973), en RFA et au Centre des Langues de l'Université libre de Berlin (1975-2006). Il a exercé la profession d'enseignant pendant 36 ans, et il a été responsable informatique de son institut pendant 25 ans. . Dans le cadre du projet européen LESCOnet ,qu'il a dirigé, il a participé à la création d'un site d'apprentissage du français (lesconet.eu). Il est l'auteur de nombreux livres accompagnés d'un site : eGrammaire, Grammaire participative, Phonétique corrective, Orthographe et Conception du Temps en français, anglais et allemand .Il est aussi l'auteur de plusieurs logiciels d'ELAO (enseignement des langues assisté par ordinateur) et de sites d'apprentissage du F.L.E.
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1 Les chats retombent sur leurs pattes


Son chat s’était suicidé ! Il fallait bien se rendre à l’évidence, Lolo le félin avait mis volontairement fin à sa vie. C’était donc bel et bien un suicide, ou comment appelleriez-vous un tel acte ?

Bien sûr, ce n’était pas la peine de chercher une lettre déposée sur la cheminée expliquant le pourquoi de la chose.

Pour le « comment », Jojo n’avait pas besoin de s’interroger : il en avait été le témoin privilégié. Il ouvrait sa fenêtre comme tous les matins et jetait un coup d’œil sur la terrasse du café, installée sur le square. Le second du patron, à 10 heures du matin, sifflait déjà son troisième pastis, bien tassé, et, enhardi par les effets de l’alcool, interpellait les femmes qui passaient, sans grand succès, d’ailleurs.

Jojo allait refermer la fenêtre lorsque le chat arriva, comme un TGV sortant d’un tunnel, fonçant droit devant lui. Il sauta par-dessus la rambarde, les pattes antérieures en avant, tel un plongeur. Il piqua vers le sol comme un pilote kamikaze précipitant son appareil sur un porte-avions ennemi. Jojo se demanda même, un peu plus tard, s’il ne l’avait pas entendu crier « Banzaï » !

Ratant son atterrissage, il s’était retrouvé la tête sur le trottoir, le reste du corps dans le caniveau. Il ne bougeait plus. Il avait dû se briser les cervicales.

Jojo était là comme pétrifié. Lolo, son vieux compagnon de 15 ans, gisait là, à cinq mètres au-dessous de lui, inanimé, sans vie, après s’être précipité dans la mort.

Il ne s’y était pas attendu, vraiment. D’abord, parce que jamais il n’aurait pensé qu’un chat pût se suicider. Et ensuite, parce que rien, dans le comportement de son compagnon, ne laissait supposer qu’il fût tellement désespéré.

Bien sûr, il lui avait semblé taciturne, depuis un mois environ. Il ne venait plus se frotter à lui, le matin, ne venait plus lui renifler les orteils avec délectation. Il mangeait un peu moins, semblait soucieux. Mais Jojo avait mis ce changement d’humeur sur le compte de la chaleur, dont chacun sait qu’elle émousse l’appétence.

Il fit quelques pas en arrière, regarda machinalement sur la table, à la recherche d’un indice qui lui expliquerait le geste de son compagnon. Tout ce qu’il avait laissé, c’était un souvenir dans sa caisse : il avait vidé son intestin avant de faire le grand saut.

Cela rappela à Jojo une histoire qu’il avait lue à propos d’une jeune femme qui avait voulu se jeter du premier étage de la tour Eiffel, qui s’était pomponnée pour cette occasion, et qui, au dernier moment, y avait renoncé : elle s’était brusquement souvenue qu’elle avait un petit trou dans sa culotte, et elle avait frémi d’horreur rien qu’à la pensée qu’un étranger puisse découvrir son slip troué et ainsi songer, ne serait-ce qu’une seconde, qu’elle ne prenait pas soin de sa personne. Cette pensée intolérable lui avait ainsi sauvé la vie. Lolo, lui, avait pris le temps de travailler à l’image qu’il laisserait : il avait toujours été distingué, très digne, s’était toujours consciencieusement lavé pour mettre en valeur son poil blanc aux tons mordorés de Birman fier de son apparence. Et rien, après sa mort, ne pourrait effacer cette image.

L’attention de Jojo fut attirée par un brouhaha venu de l’extérieur. Il s’approcha doucement de la rambarde : un groupe de gens s’était rassemblé autour du corps sans vie. Il se plaqua contre le mur, cherchant une ombre protectrice, écoutant ce qui se disait quelques mètres plus bas.

Plusieurs personnes se mirent à rire, ce qui déclencha les foudres d’une grosse dame.

Tandis que les gens devisaient, en bas, autour du cadavre de son vieux compagnon, il se dit qu’il aimerait bien récupérer son corps. «  », me direz-vous. Eh bien, pour lui rendre les derniers hommages. Après tout, on ne peut pas laisser partir un vieil ami sans lui témoigner l’amitié, le respect que l’on a éprouvé pour lui. Voyez un peu toutes ces vieilles canailles que l’on enterre, même les plus tordues et les moins dignes de respect, simplement parce que la mort confère une virginité à tous ceux à qui elle a fait signe.

Il pensait l’enterrer dans la nature, peut-être au pied de la Sainte-Victoire, dans le pays d’Aix. Un site cézanien, voilà qui aurait de la gueule. Il suffirait de l’allonger sur le sol, et de construire un petit monticule de terre, avec peut-être une petite plante, car Lolo adorait les herbes et fleurs en tous genres, de son vivant.

Mais il fut tiré de sa rêverie par une voix forte, soutenue par un accent de l’est à couper à la hache. Il vit de sa cachette un nouveau venu, un de ces Roms qui exploitent les poubelles marseillaises en les fouillant systématiquement et en déposant leurs trouvailles dans une poussette d’enfant.

« Le chat être mort ?

— Eh oui. Il est tombé de la fenêtre. » répondit une dame surmontée d’un chignon.

Il tenait dans la main un long crochet de métal, qui devait lui servir à farfouiller dans les poubelles en évitant de trop se salir, sans grand succès sans doute, car ses mains étaient bien crasseuses.

Il se servit de son outil pour tourner et retourner le corps du chat.

« Animal très beau. Fourrure pas abîmée. Lui être à vous ? »

Les témoins se récrièrent : eux, ils n’auraient pas laissé tomber leur chat par la fenêtre. Ils auraient fait un peu plus attention à leur compagnon.

Visiblement satisfait de la réponse, le chiffonnier s’écria : « Alors, lui être à moi. » Mais au lieu de ramasser le corps et de le mettre dans sa poussette, il fouilla dans la poche de sa veste de chasseur et en tira un rasoir coupe-choux.

Les spectateurs frémirent à la vue de la lame brillante. Le chiffonnier remarqua le malaise que suscitait son engin de mort, car pour ceux qui se rasent avec un rasoir électrique ou mécanique banal, et pour celles qui se rasent les jambes avant la belle saison, un tel instrument relevait plus du tueur multirécidiviste que du brave père de famille. Les cerveaux tournaient à cent à l’heure, se demandant ce qu’il allait bien pouvoir en faire. Certains firent même un pas en arrière. Mais l’homme avait dû être trappeur dans une autre existence, car il se baissa, prit le malheureux animal par une patte, le tourna de façon à le placer sur le dos, le ventre bien en évidence, et en moins de temps qu’il n’en faut à un percepteur pour tondre un contribuable de la classe moyenne, il coupa le bout des quatre pattes, fit avec sa lame le tour du cou du chat pour séparer la peau du corps de celle de la tête. Le sang qui coulait en abondance sur sa main ne semblait pas le...



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