E-Book, Französisch, 184 Seiten
Loire / Noël Anecdotes de la Vie Littéraire
1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-51713-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 184 Seiten
ISBN: 978-2-322-51713-8
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Avis : Contrairement aux fac-similés de piteuse qualité proposés par certains éditeurs, Le texte original a été ici composé entièrement à la main, revu et corrigé, dans un souci d'apporter aux lecteurs un confort de lecture. Il s'agit d'une réédition d'un ouvrage de 1876, proposant comme son titre l'indique, des anecdotes d'auteurs des 17ème, 18ème, et début 19ème siècles. (L'ouvrage est susceptible d'être mis à jour et continué avec des auteurs ultérieurs.)
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GILBERT (1751-1780) La baronne de Prinzen avait obtenu le privilège de republier le Journal des Dames, et remplissait cette feuille de ses élucubrations poétiques, qui étaient loin d’être amusantes. Se trouvant dans une réunion où le poète Gilbert récitait avec beaucoup de véhémence une pièce de vers, la baronne causait et riait avec affectation. Gilbert s’arrête, et, fixant Mme de Prinzen, il lui adresse ce quatrain : Ah ! Prinzen, par pitié, daignez du moins m’entendre ; Oui, mes vers sont froids et d’un lourd sans égal ; Mais le mal que je fais, vous pouvez me le rendre : Faites-moi quelque jour lire votre journal. RIVAROL (1753-1801) Rivarol, qui s’était créé comte de sa propre autorité, disait, après la nuit du 4 août : – Nous avons perdu nos droits, nos titres, notre fortune. – Nous ! Nos ! Notre ! murmurait le marquis de Créqui. – Eh bien, dit Rivarol, que trouvez-vous donc de singulier dans ce mot ? – C’est ce pluriel que je trouve singulier, répondit le marquis. -oxo- Il écrivait dans les Actes des Apôtres : « Autrefois les rois portaient le diadème sur le front ; ils l’ont maintenant sur les yeux. Le peuple est un souverain qui ne demande qu’à manger ; Sa Majesté est tranquille quand elle digère. » -oxo- En parlant de La Fayette : · « Sa nullité protégea sa fortune. » -oxo- II disait de Mirabeau, qui venait de se vendre à la cour (1790) : « Il est capable de tout pour de l’argent, même d’une bonne action. » -oxo- Et cette pensée humoristique n’est-elle pas charmante ? « C’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. » -oxo- Un poète lui demandait son opinion sur un distique : « J’y trouve des longueurs », répondit le malin critique. -oxo- Les répliques n’étaient pas ménagées à cet écrivain acerbe ; en voici une qui va nous donner une idée de celles qu’il dut accepter. Après avoir endossé quelques coups de bâton de la main de Brigand-Bomier, Rivarol rencontra Champcenetz : – Mon ami, lui dit-il, on ne peut faire un pas dans Paris sans qu’il vous tombe des bûches sur le dos. – Je te reconnais bien là, lui dit Champcenetz qui connaissait « l'incident » ; tu grossis toujours les objets. -oxo- À la première représentation de la Folle Journée, Beaumarchais, assis à côté de Rivarol, lui disait : – J’ai tant couru ce matin que j’en ai les cuisses rompues. – C’est toujours cela, répondit le caustique. -oxo- Et une autre fois : « Beaumarchais ne cherche qu’à faire parler de lui, et, s’il venait à être pendu, je suis sûr qu’il demanderait la potence d’Aman. » -oxo- Il disait du chevalier de P** remarquable par sa malpropreté : – Il fait tache dans la boue. Et, parlant de la maladresse des Anglaises : – On croirait qu’elles ont deux bras gauches. -oxo- M. de Calonne avait la manie de passer pour auteur, et la chronique dit que c’était Lebrun qui lui fournissait les vers qu’il s’attribuait ; aussi ce poète était-il généreusement récompensé. Le ministre lisait un jour à Rivarol une de ces pièces de vers, et demandait au courtisan d’un air satisfait ce qu’il en pensait, si ces vers sentaient le collège ? — Oh non, monseigneur, mais quelque peu la pension. -oxo- Rivarol rencontre un jour Florian, dont un manuscrit sortait presque entier de la poche de son habit. Comme il ne laissait jamais échapper l’occasion de lancer une épigramme, il lui dit : « Oh monsieur de Florian, si l’on ne vous connaissait pas, comme on vous volerait ! » -oxo- L’abbé de Balivière disait à Rivarol en parlant de la Révolution : – Oui, c’est l’esprit qui nous a tous perdus. Et Rivarol de répondre : – Il vous était cependant si facile de nous offrir l’antidote. -oxo- L’abbé Sieyès disait un jour à Rivarol : – Permettez-moi de vous dire ma façon de penser. Rivarol lui répondit : – Dites-moi tout uniment votre pensée, et épargnez-m’en la façon. -oxo- Rivarol disait à une dame dont il voulait obtenir les bonnes grâces : – Je veux bien vieillir en vous aimant, mais non mourir sans vous le dire. -oxo- Rivarol délaissait quelquefois les épigrammes pour émettre des aphorismes qui ne manquaient pas de justesse : « Quand on est jeune, il faut trois jours de sagesse pour réparer trois mois d’excès ; quand on est vieux, pour réparer trois jours d’excès, il faut trois mois de sagesse. » -oxo- Il définissait le Tableau de Paris, de Mercier : « un ouvrage pensé dans la rue et écrit sur la borne. L’auteur a peint la cave et le grenier en sautant le salon. » Il ajoutait : « Ma vie est un drame si ennuyeux, que je soutiens toujours que c’est Mercier qui l’a fait. » Et Mercier répliquait : « Mme du Deffand, aveugle, entrant dans une société, écoutait un de ces beaux parleurs que l’on cite, et qui vont répétant dans vingt maisons absolument le même thème : "Quel est, dit-elle, ce mauvais livre qu’on lit ici ?" « C'était M. Rivarol qui parlait. » De SÉGUR (1756-1805) Le vicomte de Ségur avait fait un opéra comique, le Cabriolet jaune, et quoiqu’il fût sifflé tous les soirs, il s’obstinait à le faire représenter. – Mettez, lui disait un ami, votre Cabriolet sous la remise, il ne pourra jamais rouler. – Cela m’étonne d’autant plus, répond l’auteur, que tous les jours on lui fait un nouveau train. -oxo- Un acteur de grand talent lui parlait un jour avec inconvenance. – Mon cher ami, lui répond avec une grande douceur le vicomte de Ségur, vous oubliez que depuis la Révolution nous sommes égaux. -oxo- Alissan de Chazet lui demandait son avis sur toutes les démonstrations sympathiques et tous les hommages que Bonaparte reçut après le 18 brumaire. – Mon ami, répondit le vicomte, ne vous y trompez pas c’est un homme que personne n’aime, et que tout le monde préfère. -oxo- M. de Ségur avait été soldat ; il occupait depuis plusieurs heures un poste très périlleux. Un de ses amis, aide de camp d’un général, l’ayant aperçu en passant, lui dit : – Je te plains, mon pauvre vicomte, tu ne dois pas t’amuser beaucoup ici ? – Que veux-tu, lui répond M. de Ségur : on est ici comme au bal de l’Opéra : on s’y ennuie, mais on y reste. COLLIN D’HARLEVILLE (1755-1806) Voici une anecdote qui donne à cet honnête homme le caractère de bonhomie que la tradition attribue à La Fontaine. Arnaud Baculard, dit l'Homme aux petits écus, parce que chaque fois qu’il rencontrait une connaissance il lui empruntait un petit écu, apprend que Collin est malade. Il se rend chez son ami, sous le prétexte de savoir de ses nouvelles, et en réalité pour lui faire un « petit emprunt ». En conversant avec le malade alité, Arnaud aperçoit une pile d’écus de six livres sur la cheminée ; aussitôt l’idée d’un emprunt « forcé » s’empare de lui. Tout en causant, il s’approche de la cheminée, s’empare des cent vingt livres qui y sont déposées, et les met bravement dans sa poche sans que Collin s’en aperçoive. Le tour fait, Baculard abrège sa visite et s’en va ; mais à peine est-il sorti que Collin s’aperçoit du larcin. Passer une robe de chambre, chausser des pantoufles est...




