E-Book, Französisch, 163 Seiten
Joly Filles ou garçons
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-27453-6
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 163 Seiten
ISBN: 978-2-322-27453-6
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
La majorité des individus naissent et grandissent avec la certitude de savoir qui ils sont au fond d'eux mêmes. Pour ma part, je crois que ma personnalité est assez large, faite 'éléments parfois opposés. Pour mon métier, comédien, c'est une chance, je dispose d'une palette de sentiments naturellement assez vaste. Pour la sexualité, la sensualité, cela a été source de nombreuses interrogations et souvent pris le chemin d'une longue quête. Pascal Joly nous parles de son parcours de vie, ses questionnements, mais aussi de sa passion pour le théâtre et le cinéma, des cours dur de la vie et surtout des rencontres. Ce récit est entremêlé de poèmes. C'est drôle et émouvant.
Pascal Joly est comédie et metteur en scène, formé au Conservatoire de région, à la Master Classe de Jean Laurent Cochet et à des cours privé. Il est également titulaire d'un Master en Gestion et Management des entreprises (IAE). Il est l'auteur d'un récit de vie : Filles ou garçons et de trois adaptations de pièces de Molière : Carle le foure, Notre avare et le bourgeois dupé.
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4 J'ai aimé
Roxane. J’ai fait votre malheur ! Moi ! Moi ! Cyrano. Vous ?… au contraire !
J’ignorais la douceur féminine. Ma mère
Ne m’a pas trouvé beau. Je n’ai pas eu de sœur.
Plus tard, j’ai redouté l’amante à l’œil moqueur.
Je vous dois d’avoir eu, tout au moins, une amie.
Grâce à vous une robe a passé dans ma vie. Extrait de Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand Je ne sais si je laisserai grand-chose sur terre mais je pourrais dire une chose : j’ai aimé, trop peut-être, mal sûrement, mais j’ai toujours eu besoin d’aimer et d’être aimé. Alors filles ou garçons, cela a toujours été un peu difficile de choisir, et parler de bisexualité ou de pansexualité dans notre société, c’est encore plus complexe que d’annoncer son homosexualité. Pour la majorité des gens on doit choisir, et on tombe vite dans la case gay non assumé… Je crois que j’ai toujours eu besoin des deux. De garder cette liberté de choix. On n’aime jamais autant que lors d’un amour platonique inaccessible. La comparaison avec Cyrano n’est pas anecdotique, celui qui aime mais qu’on ne peut aimer. La verve en moins dans mon cas. CONTE DE FÉE Petite fille aux paupières closent Rêve d'un prince charmant Un Don Juan de roman au scénario Un seigneur très important Elle l'attend dans sa chambre rose Le beau prince des contes de fées Qui viendra déposer un baiser Pour la réveiller, dans sa chambre rose Il sera beau et blond Il aura un carrosse doré Et un château avec un pont Dans un parc ensoleillé Il viendra, elle en est sure Cette nuit ou dans 10 ans Le beau prince au visage pur Qui fera prolonger son rêve pour 100 ans La première fille que j’ai aimé, c’était en maternelle. J’ai eu une période, je ne sais pas pourquoi, où je me suis retrouvé très seul, les deux copains qui me restaient à la récréation étaient de ceux que personne ne voulait pour jouer. J’ai dû avoir du temps pour rêver à cette fille aux cheveux couleurs de blé. Elle s’est bien moquée de moi lorsque je lui ai avoué mes sentiments, bien plus tard en CM2. Beaucoup, beaucoup plus tard, je me suis à plusieurs reprises, posé la question, comment on pouvait être sûr que l’on était hétéro ou homo. Il m’est arrivé de croiser de « vrais » gays et de leur demander à quand remontait leurs premières attirances, à partir de quand ils avaient su. Ils me disaient qu’ils le savaient depuis l’enfance souvent. A l’intérieur de moi, j’ai longtemps voulu ne pas répondre à cette question car où la situer. Désir de filles, puis de femmes avant tout, amoureusement, puis sexuellement ; regard tendre pour certains garçons sans d’autres vrais désirs. Ou tout simplement désir d’aimer et d’être aimé sans soucis d’appartenance. A bien y réfléchir, longtemps après, le premier garçon pour qui j’ai eu un regard tendre, était un voisin de vacances. Je devais avoir 10 ans, j’étais en vacances chez mon arrière-grand-mère maternelle en Touraine. Les voisins avaient une piscine, c’était très rare à l’époque. Il y avait deux garçons d’à peu près l’âge de mon frère et moi. J’étais excessivement timide, je le suis toujours dans certaines circonstances. J’ai demandé à ma mère de venir avec moi pour leur demander s’ils voulaient bien que l’on joue ensemble. Je n’oublierais jamais, l’aîné allait s’apprêter à dire oui, et lui, avec l’aplomb que son physique de beau gosse permettait, il a dit : - Non ! Je repartis la tête basse, ensuite, je me cachais derrière les haies pour le regarder de loin. Je me disais avec ce physique, tout doit être possible. J’enviais l’amitié qu’il ne me donnerait jamais. Deux années plus tard, ce fut le tour de cette fille aux cheveux d’or, de s’amuser avec moi. Je passais plus mon temps à jouer avec elle qu’avec ses frères. Elle était plus jeune que moi, mais elle avait aussi du caractère, et savait s’y prendre pour arriver à ses fins. Elle avait beau être une enfant, elle avait déjà en elle, ce petit quelque chose qui peut faire chavirer le cœur des garçons et elle n’avait pas froid aux yeux. A force de charme et surtout d’audace, elle obtint vite ce qu’elle désirait : découvrir mon anatomie. Elle m’avait entraîné dans les toilettes du fond du jardin, pour me déshabiller et regarder mon corps intime. Je ne sais plus très bien comment mais sa mère dû nous voir sortir ensemble. Alors sonna pour nous deux, mais séparément, l’heure de l’interrogatoire. Nous restâmes muet tous les deux. Il m’a fallu beaucoup de temps pour le réaliser, ce qui a la base ne devait être qu’un jeu, la découverte d’un corps, est devenu aussi mon premier et mauvais apprentissage. Cette fille était capable de me faire faire n’importe quoi, j’étais comme hypnotisé. Elle me demanda par exemple de lancer, sans raisons, des cailloux chez le voisin d’à côté, qui vint se plaindre bien sûr. J’étais Marcel Pagnol dans le Temps des amours, sauf que là il n’y avait aucun sentiment réciproque, juste une démarche purement physique de son côté. Un autre été, chez ses parents, elle me faisait venir dans sa chambre, elle s’allongeait dans son lit et commençais à s’exhiber, elle se mettait nue, elle voulait que je la regarde et ne demandait rien en retour. Mais moi fleur bleu, J’en devenais amoureux, je lui écrivais : « je t’aime, j’ai envie de sortir avec toi » sur des petits papiers. Elle riait. Le soir, lorsque je m’allongeais sur la pelouse, elle prenait un malin plaisir à courir autour de moi, à passer par-dessus moi, sans culotte sous sa chemise de nuit. J’étais à la fois envoûté et effrayé, c’était la première fille que je voyais nu. J’aurais dû découvrir l’amour, comme tout le monde, d’une façon romantique, tendre, et là je découvrais un monde d’adulte : exhibition, plaisir physique vide de sentiments. Est-ce que c’était comme cela que l’on devait aussi aborder les filles ? Cela m’a marqué je découvrais la sexualité avec mon corps d’adolescent et mon esprit enfantin, et elle avec son corps de jeune fille et son tempérament de femmes fatales. Ce désir interdit que je n’ai pas provoqué. Les années passèrent, son corps avait changé. Une superbe poitrine, des courbes magnifiques. J’étais encore plus fou d’elle, j’aurais voulu l’embrasser. Nous dormions le soir dans la même chambre, comme à son habitude je savais qu’elle dormait nue. Une nuit, j’ai tenté de me lever pour la rejoindre elle m’en a dissuadé : - Arrête ou j’appelle. J’ai réalisé que j’étais en train de faire une connerie. Tout cessa à jamais à partir de ce moment. Arrivé au collège, en cinquième, plus précisément, je commençais à éprouver des sentiments pour les filles de ma classe, j’en parlais à mon copain Christian, mais n’osait le leur dire. Elles n’étaient pas forcément d’un physique de top model, mais c’était avant tout de bonnes copines avec qui j’adorais rire. Un peu plus tard vers la troisième, puis le lycée, à 15 ans, mon cœur fût attiré par des filles beaucoup plus belles mais souvent déjà prise ou à mes yeux inaccessibles. J’éprouvais aussi des sentiments nouveaux, sans pouvoir vraiment les nommer en moi-même, pour deux copains, un d’école et de théâtre : Laurent et Frédo. J’étais admiratif de leurs aisances, de leurs audaces ou décontractions, mais rien à voir avec des sentiments amoureux. Avec Laurent nous étions dans un lycée à forte population féminine. Laurent très féminin dans sa façon d’être, attirait la présence des filles, elles aimaient discuter avec lui, il me fit découvrir l’esprit de la fête et c’est avec lui que je pris à 17 ans ma première cuite. Je crois que j’aimais en lui son aisance verbale, son physique ambivalent, imberbe, les cheveux mi-longs. Même si parfois il se jouait de moi, il savait que je lui devais tout, il pouvait me prendre ou me jeter comme copain comme il en avait envie, il était très enfant gâté. Frédo était le mâle pur, beau gosse, une verve exceptionnelle, une énergie inépuisable, une aisance incroyable, tout semblait lui réussir, le théâtre, les filles, plus tard l’argent. C’est avec lui que j’ai basculé de l’activité loisir à la passion pour le théâtre. Je me souviens, nous avions tous les deux 17 ans, un BEP sans intérêt en poche et l’envie de faire de la scène. Un stage de théâtre intensif d’été nous a réunis, nous faisions du théâtre de 9 heures le matin à souvent tard dans la nuit ou le petit matin. Le stage, il faut bien...