Dehorter | Portrait d’une Église crucifiée | E-Book | sack.de
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E-Book, Französisch, Band 261, 514 Seiten

Reihe: Beihefte zur Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft

Dehorter Portrait d’une Église crucifiée

Identité ecclésiale et langage paulinien de la Croix

E-Book, Französisch, Band 261, 514 Seiten

Reihe: Beihefte zur Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft

ISBN: 978-3-11-111856-7
Verlag: De Gruyter
Format: EPUB
Kopierschutz: Adobe DRM (»Systemvoraussetzungen)



L’objectif de cet ouvrage est de préciser la fonction et la signification du langage de la Croix en 1Corinthiens et 1-4 et Galates et de montrer que la modalité si abjecte de la mort de Jésus ne dit pas seulement quelque chose de la méprise totale dont le Christ a été l’objet mais qu’elle est également significative pour l’Église et son identité.L’argumentation se déploie en trois moments. Tout d’abord, un chapitre sur la perception antique de la crucifixion en regard du recours paulinien à cette terminologie est suivi d’une revue de la littérature consacrée à l’identité des premières Églises. La deuxième partie met en valeur la fonction ecclésiologique du langage de la Croix. Elle situe ce dernier à l’intérieur de l’argumentation globale déployée en 1Co 1-4 et Ga avant de ressaisir les découvertes dans les catégories de la théorie de la mémoire sociale. Enfin, pour préciser ce que « la Croix dit aux Eglises », trois études textuelles exploitent les ressources de l’intertextualité scripturaire.La force de la démonstration tient à la pluralité et au croisement des méthodes utilisées. Le langage de la Croix apparaît comme la réponse que Paul présente à ses correspondants pour les aider à surmonter les crises de croissance qui les menacent.
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Zielgruppe


Scholars, students, and institutes of Biblical studies and early / Theolog/-innen, Kirchenhistoriker/-innen, Neutestamentler/-innen.


Autoren/Hrsg.


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1 Introduction générale
Je n’arrive pas à comprendre qu’il ait fallu que la Croix demeure, alors qu’elle n’était qu’un croisement. On n’aurait pas dû nous l’imprimer ainsi de toutes parts, comme on marque au fer rouge. C’est avec le Christ lui-même qu’elle aurait dû disparaître1. L’introduction générale se compose de six paragraphes. Le premier énonce notre point de départ en explicitant différentes facettes du scandale que provoque la présence de la terminologie de la crucifixion dans le discours chrétien (§ 1.1). Le second énonce la thèse de notre étude qui met en rapport le langage paulinien de la Croix et l’identité de l’Église (§ 1.2). Les suivants (§ 1.3–1.5) exposent les options fondamentales que nous avons prises (une approche textuelle de l’identité), les trois grandes étapes qui seront parcourues (état de la question, fonction puis signification du langage de la Croix) ainsi que les défis à relever. Enfin, nous ajoutons une note brève sur un sujet sensible en matière d’identité, à savoir les questions de terminologie et de nomenclature (§ 1.6). 1.1 Pourquoi la Croix ?
Le point de départ de notre recherche est le malaise, la gêne, voire le choc que toute personne ressent lorsqu’elle est confrontée au kérygme chrétien, à la prédication d’un Messie crucifié (1Co 1,23). L’interrogation du poète, mise en exergue, n’est-elle pas justifiée : « je n’arrive pas à comprendre qu’il ait fallu que la Croix demeure » ? Et pourtant, le lecteur des épîtres pauliniennes se doit de constater que tel n’est pas l’avis de l’Apôtre des Nations. Sa stupeur ira encore en s’intensifiant lorsqu’il constatera que, chez Paul, c’est la mémoire même de la fondation des Églises qui est étroitement associée à la prédication de la Croix. Deux passages sont particulièrement significatifs à ce sujet : Moi-même, quand je suis venu chez vous, frères, ce n’est pas avec le prestige de la parole ou de la sagesse que je suis venu vous annoncer le mystère de Dieu. Car j’ai décidé de ne rien savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié (1Co 2,1-2). Ô Galates stupides, qui vous a envoûtés alors que, sous vos yeux, a été exposé Jésus Christ ­crucifié ? Éclairez-moi simplement sur ce point : Est-ce en raison de la pratique de la loi que vous avez reçu l’Esprit, ou parce que vous avez écouté le message de la foi2 ? (Ga 3,1-2). Ces versets assènent véritablement au lecteur « un coup de poing sur [son] crâne », ils sont « comme une hache qui brise en [lui] la mer gelée3 ». Pourquoi la Croix ? Pourquoi en avoir parlé ? Comment est-elle devenue un symbole de l’identité chrétienne ? En réalité, plus on étudie, plus on découvre de nouvelles facettes à ce scandale. 1. Ainsi, la prise en compte de la perception de la crucifixion dans le monde méditerranéen du Ier siècle fait éprouver le sentiment mêlé d’horreur, de mépris, de rejet, de dégoût, voire de désespoir, que provoquait « l’élévation ironique d’une victime torturée sous le regard public4 ». 2. Dans ce contexte, on comprend que parmi les premiers chrétiens certains ne se soient pas empressés de mettre en avant la modalité ignominieuse de la mort de Jésus. Leur réaction face au scandale de la Croix a plutôt été celle du silence et de la discrétion. Comme le note par exemple M. Gourgues, Il est frappant de constater que, dans ce que l’on peut identifier comme proclamations les plus primitives de la foi chrétienne, la Croix n’est pas mentionnée. Elle aurait pu l’être tout naturellement, pour ainsi dire, puisque ces proclamations portent le plus souvent sur la mort du Christ ou sa résurrection ou les deux à la fois. Or dans la clause relative à la mort, on ne trouve jamais le verbe stauroô ou le substantif stauros ou quelque autre terme qui renverrait à la modalité particulière de la mort de Jésus5. Ou encore, dans son article pionnier sur « la théologie de la croix comme centre de la théologie du NT » (1974), U. Luz, en conduisant une analyse non pas sémantique mais proprement théologique, remarquait lui aussi que, si l’affirmation fondamentale selon laquelle le Crucifié est ressuscité traverse l’ensemble du NT, il n’empêche que ce qu’il qualifie, dans la ligne de M. Luther, de « théologie de la croix » au sens strict du terme est un phénomène singulier qu’il ne reconnaît que chez Paul et dans l’évangile de Marc6. Comment dès lors rendre raison de l’apparition de la terminologie de la croix et de son élaboration discursive dans le NT ? 3. Sur le fond de ce double contexte, celui de la société gréco-romaine et celui du christianisme primitif, l’usage paulinien de cette terminologie se révèle d’autant plus étonnant. Un parcours de ses occurrences dispersées dans l’épistolaire du Tarsiote (une vingtaine au total) montre que le recours au langage de la Croix est un choix délibéré de sa part (cf. 1Co 2,2) et qu’il n’hésite pas à créer des formules innovantes telles que « parole de la Croix » (1Co 1,18), « être co-crucifié avec le Christ » (Ga 2,19) ou encore « le monde est crucifié à moi » (Ga 6,14). Autre point remarquable et non des moindres : si la Croix est toujours (explicitement ou implicitement) la Croix du Christ, cette terminologie est également appliquée à la condition croyante (cf. Rm 6,6 ; Ga 2,19 ; 5,24 ; 6,14). Paul opérerait ainsi la transition de la « Croix de Jésus » vers la « Croix des chrétiens ». 4. Enfin, si nous jetons un coup d’œil vers l’époque suivante, celle des Pères apostoliques puis des Pères de l’Église, on constate que « la tendance générale est plutôt de rendre la Croix acceptable, en montrant qu’elle réalise la volonté de Dieu qui l’a annoncée par les prophètes » ou bien en s’efforçant « d’en expliciter le mystère profond, d’en dégager la dimension symbolique ou la portée révélatrice7 ». C’est ainsi qu’un Méthode d’Olympe, à la fin du IIIe ou au début du IVe s., en tout cas à une époque où l’Empire romain pratiquait encore la crucifixion, est capable d’écrire : Par ce signe, toute la création a, pour ainsi dire, été revêtue pour la libération. Car lorsque les oiseaux volent en hauteur, ils évoquent la figure de la Croix par l’extension de leurs ailes. Même l’homme, lorsqu’il écarte les mains, ne manifeste rien d’autre que cela. C’est pourquoi le Seigneur, prenant cette figure qui était disposée depuis la création, l’a mêlée à la divinité, afin d’être à l’avenir un saint instrument de Dieu, délivré de toute dissonance et de toute absence de mesure (p?s?? ?s?µf???a? te ?a? ?????µ?a? ?p???a?µ????)8. L’auteur cherche à « naturaliser » au maximum la Croix comme si le scandale qu’elle représentait ne pouvait être surmonté autrement. Notons encore que le malaise contemporain vient de ce que, dans le langage courant, le mot « croix » est pratiquement devenu synonyme de peine, d’affliction ou d’épreuve envoyée par le sort9. C’est d’ailleurs généralement en ce sens que l’on comprend l’une des seules formules évangéliques qui applique la terminologie de la croix non pas à Jésus mais à ses disciples, à savoir l’expression « prendre / porter sa croix10 ». En bref, en insistant sur la modalité de la mort de Jésus et en suggérant qu’elle a quelque chose à dire de la condition chrétienne, Paul entretiendrait-il un rapport déséquilibré avec la souffrance ? Mais en est-il vraiment ainsi ? 1.2 La Croix et l’identité de l’Église
Des différentes remarques faites précédemment, il nous semble que la plus ­décisive soit la suivante : chez Paul, l’usage de la terminologie de la croix ne sert pas uniquement à approfondir le mystère du Christ (cf. cependant Ph 2) mais plus encore à guider la croissance des Églises en les faisant réfléchir sur leur fondement ultime. Trois remarques justifient cette intuition : 1) l’Apôtre associe la prédication de la Croix à la mémoire de fondation de certaines Églises (cf. 1Co 2,1-5 ; Ga 3,1) ; 2) il convoque des citations scripturaires en lien direct avec des affirmations sur la Croix (cf. 1Co 1,18-19 ; 2,8-9 ; Ga 3,13) ; 3) il souligne à plusieurs reprises son rapport intime avec la Croix (cf. Ga 2,19 ; 6,14 ; 1Co 2,2). De cette manière, la terminologie de la crucifixion se trouve associée à trois autorités décisives dans l’élaboration d’une identité religieuse : l’expérience fondatrice ; les Écritures en tant qu’écrit sacré et normatif ; la figure apostolique, Paul, qui se présente comme « père » (1Co 4,15) ou « mère » (Ga 4,19) de ces Églises11. C’est...


Sébastien Dehorter, UCLouvain, Louvain-la-Neuve, Belgien.

Sébastien Dehorter, UCLouvain, Louvain-la-Neuve, Belgium.

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