de Châteaubriant | Monsieur des Lourdines | E-Book | sack.de
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E-Book, Französisch, 180 Seiten

de Châteaubriant Monsieur des Lourdines

Prix Goncourt 1911
1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-39074-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

Prix Goncourt 1911

E-Book, Französisch, 180 Seiten

ISBN: 978-2-322-39074-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark



RÉSUMÉ : "Monsieur des Lourdines" est un roman d'Alphonse de Châteaubriant, lauréat du Prix Goncourt en 1911, qui dépeint avec une grande sensibilité la vie rurale de la France du début du XXe siècle. L'histoire se concentre sur le personnage de Monsieur des Lourdines, un gentilhomme campagnard passionné par sa terre et ses traditions. Le récit s'ouvre sur une description poétique de la campagne, révélant l'attachement profond du protagoniste à son domaine ancestral. Cependant, cette quiétude est troublée par son fils, Antoine, dont le comportement dissipé et les dépenses excessives menacent l'équilibre familial. Le roman explore les tensions entre tradition et modernité, entre les valeurs rurales et les tentations de la vie urbaine, à travers le prisme des relations familiales. Châteaubriant nous offre une réflexion sur la fidélité à ses racines et la difficulté de préserver un héritage culturel face aux changements inévitables de la société. Avec une prose élégante et évocatrice, l'auteur parvient à capturer l'essence de la vie rurale française, tout en mettant en lumière les dilemmes universels de l'humanité. Ce récit poignant et intemporel invite le lecteur à une introspection sur l'importance des liens familiaux et de l'identité personnelle. L'AUTEUR : Alphonse de Châteaubriant, né le 25 mars 1877 à Rennes, est un écrivain français connu pour son exploration des thèmes de la tradition et de l'identité. Issu d'une famille aristocratique bretonne, il a grandi dans un environnement où le respect des coutumes et de l'héritage familial était primordial. Après des études de droit, Châteaubriant se tourne vers l'écriture, trouvant dans la littérature un moyen d'explorer les tensions entre modernité et tradition. Son premier grand succès, "Monsieur des Lourdines", lui vaut le Prix Goncourt en 1911 et le consacre comme un observateur attentif des transformations sociales de son époque. Au-delà de son oeuvre littéraire, Châteaubriant a également été impliqué dans des activités politiques controversées, notamment en collaborant avec le régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui a terni sa réputation. Malgré cela, son oeuvre continue d'être étudiée pour sa contribution à la littérature française et son exploration des thèmes de l'enracinement et de la fidélité aux valeurs ancestrales. Son style, à la fois poétique et introspectif, a marqué une génération de lecteurs et d'écrivains.

Alphonse de Châteaubriant est né en 1877, à Rennes (Ille et Vilaine). Son premier roman, Monsieur des Lourdines obtient le Prix Goncourt en 1911, et le Grand Prix du Roman de l'Académie Française est décerné en 1923 à La Brière. Il fut l'un chantre de la collaboration durant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie. Condamné par contumace à la Libération, il meurt dans un monastère en Autriche en 1951.
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DEUXIÈME PARTIE



L’hiver était venu tout à fait. Depuis l’enterrement, c’est-à-dire depuis deux semaines, il avait plu tous les jours. La campagne plongeait dans le murmure sans fin de l’eau, de l’eau qui tombait, de l’eau qui coulait, de l’eau qui s’égouttait. Pas d’autre bruit, si ce n’est celui du vent dans les arbres et sur les toitures.

Le Petit-Fougeray avait pris son aspect de décembre. Des rigoles d’humidité serpentaient du haut en bas des murailles noircies, d’où les ronces et les saxifrages, détachées de la tête par les coups de vent, retombaient et traînaient sur la terre boueuse. Toutes les fenêtres restaient closes. Dans la maison, depuis le moment où le cortège s’était éloigné au chant des prêtres, c’était toujours le même silence, le même recueillement. Il semblait que les habitants ne fussent point encore de retour de la cérémonie. Cependant, sous un hangar, on entendait les coups sourds de la cognée de Célestin, occupé à détailler l’ormeau.

Quand Anthime se réveilla, un jour gris, sale, traversait, à la croisée, les fleurs roses des rideaux de cretonne. Il étouffa le bâillement qui lui venait avec bruit, et glissa ses deux mains sous sa nuque. Puis il abaissa son regard somnolent sur Michka, qui, s’étant levé de dessus la descente de lit, posait sa tête à portée de sa caresse. C’était un grand lévrier qu’il avait gagné au prince Stémof, dans une nuit de jeu, un lévrier russe, de pure race, blanc comme la neige de Sibérie.

« Mon vieux Michka, dit-il d’une voix qui partageait l’ensommeillement de son regard, à quoi penses-tu comme cela ? »

Le lévrier poussa une petite plainte : « Je songe, disait-il, à ton cheval anglais et à ton phaéton verni, près duquel j’aime à galoper fidèlement, je songe aux bons traitements que je reçois là-bas... et à beaucoup d’autres choses encore... comme à certains fins morceaux... Eh ! mon maître, allons-nous-en !... Je m’ennuie ici !... et ici, on ne m’aime pas ! »

« Allons ! Je vois ce qui te tourne en tête ! dit Anthime, en se recalant à l’aise sur le dos ; mais, sapristi !... un peu de patience !... »

Et lui-même — car il se levait fort tard — remonta les couvertures sous son menton. Il rêva. Il songea à sa mère que, certainement, il avait aimée, mais avec cet égoïsme d’enfant gâté qui rappellerait assez la manière des angoras favoris.

Les trois premiers jours, réellement il avait souffert. Mais, chose curieuse, cette mort, sans qu’à proprement parler il s’en consolât, perdait sur lui de son aiguillon depuis que lui-même se traînait dans cette morne propriété, sans savoir à quoi occuper son corps.

Son père, il le voyait à peine cinq minutes, le matin, en allant prendre de ses nouvelles.

Le pauvre homme, malade, ne sortait plus de sa chambre. Il ne voulait voir personne, pas même le médecin ; il ne pouvait plus parler ; et ses journées entières, il les passait dans l’obscurité, défendant qu’on vînt ouvrir ses persiennes.

Anthime le plaignait, lui donnait en son cœur de « l’excellent homme », mais n’en continuait pas moins de le tenir, long comme le bras, pour un original aux idées parfaitement biscornues, opinion que, d’ailleurs, par une insensible et inconsciente progression, il avait contractée de sa mère, dès sa petite enfance. Il s’adressait bien, dans le secret de sa conscience, le reproche de n’avoir rien fait, sept ans auparavant, pour atténuer son désaccord avec lui ; mais l’occasion se présentait si belle, alors, d’aller enfin se donner de l’air à Paris ! Et vraiment, il ne regrettait pas d’être parti ! Le Petit-Fougeray, quand il y songeait, de son joli appartement acquis à grands frais rue de Varenne, au premier étage d’un hôtel princier, c’était deux choses : un hangar obscur empuanti d’une odeur de lapins, et tout un rang de vieux chapeaux accrochés aux patères du vestibule. Rien de plus !

Quant à ses anciennes fredaines de province, quant à ces ébats qui lui avaient valu la réputation du plus joyeux et du meilleur garçon du monde, comme c’était loin déjà, combien vague et fade à son souvenir ! Quelle impression de renfermé !

Aujourd’hui, il était un gandin, un dandy, un pilier de cette jeunesse dorée qui paradait aux soirées du Gymnase, soupait chez avec des femmes à la mode, et mettait des fortunes sur le trictrac et le reversi !

Or, ce matin, après avoir, sur son oreiller qui sentait diablement l’armoire de campagne, songé à Nelly de Giverny, sa maîtresse, à Stémof, l’ancien maître de Michka, et à d’autres viveurs de ses amis (dont quelques-uns même étaient ses débiteurs), il en vint à s’interroger sur la succession de sa mère. Son père ne lui en avait pas encore parlé. Il ne savait pas au juste quelle devait être sa part, mais il l’escomptait fort belle. Ce qui ressortait de l’opinion générale, mais, surtout, certaines insinuations faites jadis par sa mère elle-même en sa présence, non sans un sourire à son adresse comme pour qu’il n’en ignorât rien, lui donnaient l’assurance qu’il se trouvait en droit de compter royalement.

Quant aux lettres de change ?... au diable !... Muller n’était qu’un odieux exploiteur, dont il mettait, à l’exemple de beaucoup d’autres, les menaces sous sa botte. Cependant, oui !... cette fois, il lui verserait un acompte.

En attendant, dès son retour à Paris, il achèterait le poulain du comte de la Garnache. Il avait eu tort d’hésiter ; les naseaux se présentaient bien un peu resserrés pour un cheval de pur sang, mais, véritablement, ce défaut se rachetait par des qualités de premier ordre.

Ce sujet l’occupa une bonne partie de la matinée ; puis, s’étant topé lui-même dans la main pour se confirmer sa décision, il sonna pour qu’on vînt lui apporter de l’eau chaude et allumer son feu.

Quand la flamme eut, à son gré, réchauffé l’atmosphère, il rejeta ses couvertures et, en s’étirant, s’approcha de la fenêtre.

Il ne pleuvait plus, mais l’eau avait bleui les murailles, ravivé les verdures du crépi, dégravoyé la cour.

Il ne demeura pas à contempler ce morose tableau et commença ses ablutions. Tandis qu’un parfum d’eau de toilette se répandait dans la chambre, il pensait qu’il lui serait avantageux de changer d’entraîneur.

« Si je pouvais engager Ansen ! se disait-il ; voilà un débrouillard... à la mode anglaise ! »

Puis, devant sa glace, les membres à l’aise dans la fraîcheur d’une chemise de fine batiste, avec un fer chaud il façonna en un toupet dit « à la Louis-Philippe » ses cheveux un peu crêpelés et qui tiraient sur le roux, ainsi que ses favoris. La haute cravate qui lui empesait le col faisait ressortir son teint blafard, fatigué, çà et là tiqueté de taches de son. Il toussait fréquemment.

Après avoir endossé le vêtement noir qui guêpait sa haute taille un peu voûtée, et s’être assuré du nombre de cigares restés dans son étui, il s’apparut, à lui-même, dans toute son élégance de dandy ; bien que quelque chose d’indéfinissable accusât quand même cette enveloppe de n’être pas celle d’un roué sans mélange. À son insu, le chasseur campagnard n’était pas en lui complètement mort : il en restait quelque chose, assez même pour que cette silhouette de bon garçon écervelé jusqu’à la démence et tout à la joie naïve de son bel appétit, fût, par des yeux connaisseurs, bientôt mise à part dans cette phalange plus ou moins blasée de la haute fête parisienne.

Qu’on se promène, un soir d’été, le long d’un chemin de Gastine. Làhaut, dans la pourpre du couchant, se dresse, nourri d’une terre vigoureuse, un beau pommier. Son corps robuste se tord sous les mousses, il penche ; peut-être ses racines...



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