E-Book, Französisch, Band 3/3, 316 Seiten
Reihe: L'Avatar des ombres
Cavalier L'Avatar des ombres
1. Auflage 2024
ISBN: 978-2-322-47705-0
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Tome 3 : D'amour et de haine
E-Book, Französisch, Band 3/3, 316 Seiten
Reihe: L'Avatar des ombres
ISBN: 978-2-322-47705-0
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Alain Cavalier a grandi à Montévrain, en Seine-et-Marne. Dès l'âge de sept ans, son imagination le pousse à écrire des histoires. Durant ses études en cinéma à l'Université de Marne-la-Vallée, il commence la rédaction de son premier roman, L'Avatar des ombres. Il choisit alors la voie de l'autoédition pour publier son livre. Il vit aujourd'hui à Thorigny-sur-Marne, avec sa femme et ses deux enfants, et travaille dans la restauration de films anciens.
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CHAPITRE 2
L’OMBRE DE NOS ERREURS
– Ne traîne pas si tu ne veux pas que je t’abandonne ici.
Gaël soupira lourdement. Il regrettait d’avoir choisi de voyager avec Logriffe plutôt qu’avec Defhr. L’assassin était un piètre compagnon, peu loquace et loin d’être tendre. En deux semaines, il n’avait pas prononcé plus de dix phrases, et ces rares moments de discussion étaient toujours des reproches ou des menaces. Pas un seul mot n’était sorti de sa bouche en deux jours, et voilà qu’il le réprimandait sur sa lenteur.
Ces derniers jours avaient débuté l’ascension du Mont Hurleur. Le terrain était impraticable, du moins pour lui. Tout était penché, on se serait cru dans un bateau coulant à pic. Bien que Gaël n’ait jamais eu le mal de mer, la diagonale de ces terres le rendait nauséeux.
Et il était physiquement à bout. Grimper cette pente s’élevant jusqu’aux cieux à la simple force de ses jambes était au-delà de ses capacités. Il était pourtant loin d’avoir une condition physique négligée, mais après autant de semaines à se nourrir du strict nécessaire, il en était venu à côtoyer ses limites.
Logriffe, lui, ne semblait pas être affecté par la sous-nutrition. Il ne se plaignait jamais des conditions de voyage. Il avançait, sans un mot, telle une machine que rien n’entravait. Sven Logriffe, ou Hathar Le Rouge comme il aimait se faire appeler, était une bête de somme infatigable. Et la rancune que Gaël avait pour lui n’avait d’égal que l’admiration qu’il lui portait.
Il lui arrivait parfois de dévisager curieusement le spadassin, ne sachant pas vraiment à quoi s’en tenir à son propos. Sa haine le voyait comme un vulgaire assassin usurpateur d’identité, tandis que son respect pour lui dévoilait un héros inébranlable, prêt à se dresser contre les dieux pour protéger une simple femme.
Était-il seulement l’un ou l’autre ? À jouer des deux côtés du miroir, on n’est finalement plus rien.
Gaël ne le remarquait pas, mais dès qu’il reportait son attention sur autre chose, Logriffe lui lançait toujours un regard amusé, un sourire au coin des lèvres.
Le lendemain, en fin d’après-midi, la côte s’adoucit légèrement. Gaël n’avait pas récupéré toutes ses forces, mais il se sentit soudain plus léger. Il avait la sensation d’avoir retiré des poids attachés à ses pieds, et il eut presque peur de s’envoler comme un ballon.
Ceci dit, il avait toujours deux ou trois mètres de retard sur Logriffe…
Celui-ci s’était d’ailleurs agenouillé derrière un arbre. Attendait-il gentiment que le ferrailleur le rattrape ? Le ferrailleur en question en doutait sincèrement.
– Nous y sommes, murmura-t-il en sentant Gaël s’approcher.
– Vraiment ?
– Vois toi-même.
L’arbre qui les cachait était l’un des derniers qui constituait la jungle dense et impénétrable qu’ils avaient connue jusqu’à présent. Au-delà s’étendait une prairie dégagée à l’herbe verdoyante. Le vent s’y promenait fougueusement, libre et insouciant. Il y avait une petite maison ceinturée d’une barrière modeste à une centaine de mètres de là où ils se trouvaient.
Ce décor paisible et harmonieux était antinomique à la jungle qui couvrait les montagnes de Togor, dont le Mont Hurleur faisait pourtant partie intégrante. Des semaines entières passées dans une jungle poisseuse et moite, où l’air manquait presque autant que la nourriture et l’eau, alors qu’il existait un coin de paradis dans cet enfer sans nom.
– Vas-y sans moi, déclara Logriffe, je t’attendrai ici.
– Attends, tu es sérieux là ? C’est pour ton sabre qu’on est là, pas le mien.
– Rends-moi ce service si tu ne veux pas que je te torde le cou.
– Puisque c’est demandé si gentiment…
– Il y a des attaches à l’intérieur du manteau que tu portes, tu t’en serviras pour cacher les fragments de mon sabre. Tu ne devras le lui montrer que lorsqu’il aura accepté de reforger la lame, pas avant. Tu m’as compris ?
– Juste par curiosité, comment aurais-tu fait si j’avais décidé de suivre Defhr ?
– Tu ne l’as pas fait, c’est tout.
– Ça ne répond pas à ma question.
– Je me serais débrouillé autrement, mais puisque tu es venu, je suis bien décidé à te rendre utile. D’autres questions ?
– Non, soupira-t-il. Va pour jouer les larbins…
***
Gaël avait franchi la fine frontière qui séparait la jungle de la prairie d’un pas anodin, et pourtant pas tant que ça. Une bouffée d’air frais avait soudainement empli ses poumons, c’était comme respirer pour la première fois.
Il avança jusqu’à la maisonnette et fit face à ce qui semblait être une porte sans en être une. Elle n’avait ni poignée ni serrure. Dotée d’une armature en bois, c’était en réalité une cloison en toile montée sur des rails. Gaël saisit qu’il suffisait de la faire coulisser pour l’ouvrir. Quel mécanisme étrange pour une porte…
Il regarda discrètement à travers l’entrebâillement de la porte lorsque…
– Je peux vous aider ?
Il sursauta et se retourna, comme un voleur pris la main dans le sac. Devant lui se tenait une jeune femme chargée d’un bac de linges. Littéralement pétrifié par la surprise, il la regarda sans un mot. Elle était petite et menue, même pour une femme, sa peau était halée et ses yeux fins. Ses cheveux, noirs comme la nuit, étaient attachés en chignon malgré le fait qu’ils devaient être assez courts. Elle portait une robe pour le moins atypique : fermée comme un vêtement de chambre dont les pans formaient un « y » au niveau du torse, elle possédait des manches aussi longues que larges. À l’inverse, les jambes semblaient à l’étroit. Elle était également ceinturée d’une large bande de tissu formant un grand nœud dans le dos, et avait des sandales aux pieds.
– Une question nécessite une réponse, vous savez, insista-t-elle en grimaçant.
– Pardon, je… en fait, je suis à la recherche d’un forgeron qui, m’a-t-on dit, vit dans les environs.
Elle souleva un sourcil perplexe.
– Eh bien, on vous a mal renseigné, il n’y a personne d’autre que moi.
– Désolé d’insister, mais… je suis certain d’avoir vu du matériel de forge lorsque j’ai voulu entrer chez vous.
Cette fois-ci, elle lui rit au nez.
– Effectivement, il y avait bien un forgeron, avoua-t-elle, mais il n’est plus ici.
– Savez-vous où il est parti ?
– Vous pouvez le trouver près de cet arbre là-bas.
– Je ne vois aucune habitation…
– Allez y jeter un œil. Il sera ravi de vous recevoir.
L’arbre n’était qu’à une dizaine de mètres de la maisonnette. Pour ce que cela allait lui coûter en temps et en énergie, il ne voyait aucune raison de ne pas s’y rendre. Il restait néanmoins dubitatif quant au fait d’y trouver le forgeron.
Et bien sûr, il n’y avait personne. Il fit tout de même le tour de l’arbre, par acquit de conscience. C’est alors qu’il comprit… Au pied de l’arbre s’élevait une pierre tombale :
Yûji Kenshiro - De son amour naissaient des armes vouées à protéger la vie. Puisse son âme retourner auprès des siens
Gaël retourna auprès de la jeune femme. Elle étendait son linge sur des cordes maintenues à chaque extrémité par une poutre. Il savait qu’elle l’avait entendu, mais elle fit semblant de ne pas l’avoir remarqué.
– Mes condoléances. J’ignorais que c’était l’un de vos proches. C’était votre… mari ?
– Mon père, rectifia-t-elle.
Un silence gêné s’installa. Elle ne semblait pas vouloir mener la discussion plus loin, et Gaël se sentit vite...