E-Book, Französisch, 317 Seiten
Austen Le Parc de Mansfield
1. Auflage 2019
ISBN: 978-80-273-0241-3
Verlag: e-artnow
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Les Trois Cousines
E-Book, Französisch, 317 Seiten
ISBN: 978-80-273-0241-3
Verlag: e-artnow
Format: EPUB
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Mansfield Park est un roman de la femme de lettres anglaise Jane Austen paru en 1814. Souvent considéré comme le plus expérimental de tous ses écrits, il est d'un abord plus difficile que les autres et son personnage principal, la timide et silencieuse Fanny Price, est une héroïne paradoxale, qui séduit difficilement le lecteur. Fanny est élevée avec ses cousins (Tom, Edmund, Maria et Julia), tous plus âgés qu'elle, mais sa tante Norris lui rappelle constamment sa situation de parente pauvre. Seul Edmund fait preuve de gentillesse à son égard; Maria et Julia la méprisent, Tom ne lui prête pas attention. Elle acquiert en grandissant, notamment au contact d'Edmund, un sens moral qui lui sert de guide pour toute chose. La gratitude et l'affection qu'elle éprouve à l'égard de son cousin se transforment au fil des ans en un amour qu'elle garde secret.
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CHAPITRE II.
Table des matières
La petite fille fit son long voyage heureusement ; madame Norris alla au-devant d’elle à Northampton, pour avoir l’agrément de la présenter à son beau-frère et à sa sœur, et de la recommander à leur bonté. Fanny Price avait, à cette époque, dix ans accomplis ; et quoiqu’au premier aspect elle n’eût rien de remarquable pour la beauté, elle n’avait rien aussi qui pût déplaire à ses parens. Elle était petite pour son âge ; elle avait peu de carnation. Sa timidité était extrême ; mais son air, quoique craintif, n’avait rien de vulgaire : sa voix était douce, et quand elle parlait, sa contenance était aimable. Sir Thomas et lady Bertram la reçurent avec beaucoup de bonté ; et le premier, voyant combien elle avait besoin d’encouragement, essaya de paraître moins grave. Lady Bertram, sans prendre tant de peines, ni dire beaucoup de paroles, se contenta de regarder sa jeune nièce avec un sourire bienveillant, et lui parut à ce moyen moins imposante que son époux. Tous les enfans étaient au logis. Ils accueillirent la petite cousine avec affabilité et gaîté, sur-tout les fils, qui, âgés de dix-sept ans et de seize ans, et grands pour leur âge, paraissaient à Fanny être des hommes. Les deux filles, qui étaient plus jeunes, étaient plus embarrassées à cause des remarques peu judicieuses que leur père avait cru devoir leur faire sur leur conduite avec leur cousine. Mais elles avaient trop l’habitude de la société et des louanges pour éprouver rien qui ressemblât à de la timidité ; et leur confiance en elles-mêmes augmentant par le peu de hardiesse de leur cousine, elles furent bientôt en état d’examiner ses traits et son habillement avec une paisible indifférence. Les enfans de sir Thomas étaient remarquables par les avantages qu’ils tenaient de la nature. Les garçons étaient très-bien, et les filles véritablement belles. Tous étaient précoces dans leur taille, ce qui faisait entre eux et leur cousine une différence pour leurs personnes, comme l’éducation en faisait une autre dans l’aisance de leurs manières. Il n’y avait que deux ans entre la plus jeune des filles et Fanny. Julia Bertram n’avait que douze ans, et Maria, l’aînée, n’en avait que treize. La petite Fanny cependant, était aussi malheureuse que possible. Effrayée de tout, honteuse d’elle-même, et soupirant après la maison qu’elle avait quittée, elle ne pouvait lever les yeux, proférait à peine quelques paroles et était toujours prête à pleurer. Madame Norris lui avait parlé pendant toute la route de Northampton à Mansfield, de son étonnant bonheur, de la reconnaissance extraordinaire qu’elle en devait avoir, ainsi que de la bonne conduite qu’elle devait tenir. Son chagrin s’était augmenté par l’idée de sa dépendance d’autrui. La fatigue du voyage l’accablait aussi. En vain sir Thomas lui fit-il quelques caresses ; en vain madame Norris prédit-elle qu’elle serait une bonne fille ; en vain lady Bertram lui sourit-elle et la fit-elle s’asseoir sur son sopha avec elle et son petit singe ; en vain lui présenta-t-on des gâteaux de toutes les espèces ; elle pouvait à peine manger quelques morceaux sans que ses larmes vinssent l’interrompre. Le sommeil paraissait être ce dont elle avait le plus besoin, on la mit au lit pour finir ses chagrins. « Voilà un commencement qui ne promet pas beaucoup, dit madame Norris, lorsque Fanny eut quitté le salon. Après tout ce que je lui ai dit pendant la route, j’aurais cru qu’elle se serait mieux conduite. Je désire qu’il n’y ait pas un peu d’apathie dans son caractère. Sa pauvre mère y était très-portée. Cependant, nous devons avoir de l’indulgence pour un enfant de son âge. Le regret qu’elle a d’avoir quitté sa maison, n’est pas à son désavantage ; car c’était sa maison, malgré tout ce qui y manque : elle ne peut pas encore comprendre ce qu’elle gagne à en changer. Ainsi donc, il faut de la modération en toutes choses. » Il fallut toutefois plus de temps que madame Norris ne l’avait cru pour réconcilier Fanny avec la nouveauté du parc de Mansfield, et l’accoutumer à son éloignement de toutes les personnes avec lesquelles elle était habituée à vivre. Sa sensibilité était très-vive, et l’on y faisait trop peu d’attention à Mansfield. Le jour de fête accordé aux filles de lord Bertram, pour qu’elles se liassent davantage avec leur cousine, produisit entre elles peu d’intimité. Les deux sœurs prirent une idée peu favorable de Fanny, en sachant qu’elle n’avait jamais étudié la langue française ; et quand elles virent qu’elle était peu frappée du duo qu’elles eurent la complaisance de chanter pour elle, se bornant alors à lui donner quelques-uns de leurs plus anciens jouets, elles la laissèrent à elle-même et s’occupèrent de ce qui leur plaisait davantage pour le moment. Fanny, soit qu’elle fût auprès ou loin de ses cousines ; soit qu’elle fût dans la chambre d’études, dans le salon ou dans le jardin, était également malheureuse, parce que tout lui inspirait de la crainte. Le silence de lady Bertram glaçait son cœur ; la gravité des regards de sir Thomas la rendait interdite, et les leçons de madame Norris l’effrayaient. Ses cousines la mortifiaient par leurs réflexions sur sa timidité. Miss Lee s’étonnait de son ignorance, et les femmes de chambres se moquaient de ses vêtemens. Lorsqu’à tous ces sujets de chagrin elle y ajoutait le souvenir des frères et des sœurs pour lesquels elle avait toujours été une compagne importante, son cœur éprouvait un découragement qu’elle ne pouvait surmonter. Une semaine s’était écoulée sans que l’on eût soupçonné, d’après l’air tranquille de Fanny, qu’elle finissait toutes ses journées par des larmes, lorsqu’elle allait chercher les bienfaits du sommeil. Un matin, elle fut surprise pleurant dans sa chambre, par son cousin Edmond, le plus jeune des fils de sir Bertram. « Ma chère petite cousine, dit-il avec toute la douceur d’un excellent naturel, qu’avez-vous ? » et s’asseyant auprès d’elle, il s’efforça d’apprendre le sujet de sa douleur. « Êtes-vous malade ? quelqu’un est-il fâché avec vous ? Julia et Maria vous ont-elle querellée ? » À toutes ces questions, il n’obtint long-temps pour réponse que non, non du tout ; non, je vous remercie. Mais il persévéra, et aussitôt qu’il eut nommé dans les sujets de chagrin de Fanny, sa séparation de la maison paternelle, il reconnut, par le redoublement de ses larmes, qu’il en avait découvert le motif : il essaya de la consoler. » « Vous êtes fâchée d’avoir quitté votre mère, ma chère petite Fanny, dit-il, et cela prouve la bonté de votre cœur ; mais vous devez songer que vous êtes ici avec des parens et des amis qui vous aiment et qui désirent vous rendre heureuse. Allons-nous promener dans le parc, et vous me direz tout ce que vous vous rappelez de vos frères et de vos sœurs. » Dans cette conversation, Edmond apprit que le frère que Fanny regrettait le plus était William ; il était plus âgé qu’elle d’un an. C’était son compagnon, son ami. William avait été fâché qu’elle fût partie, il lui avait dit qu’il souffrirait beaucoup de son absence. « Mais William vous écrira, j’en suis certain. » Oui, il m’a promis de le faire ; mais il m’a dit de lui écrire la première. » « Et quand lui écrirez-vous » ? Fanny baissa la tête, hésita, et répondit qu’elle ne savait pas, qu’elle n’avait point de papier. « Si c’est là toute la difficulté, je vous donnerai tout ce qu’il vous faudra. Seriez-vous bien aise, d’écrire à William ? « Oh ! oui. » « Eh bien, venez avec moi dans la chambre du déjeûner, nous trouverons là tout ce qu’il faudra. » « Mais, mon cousin…, la lettre ira-t-elle à la poste ? « Oui, je vous assure, elle ira avec les autres lettres ; et, comme votre oncle l’affranchira, elle ne coûtera rien à William. » « Mon oncle ! » répéta Fanny avec un air effrayé. « Oui, quand vous aurez écrit votre lettre, je la donnerai à mon père pour qu’il l’affranchisse. » Fanny trouva que c’était une grande hardiesse ; mais elle ne fit plus d’objections. Ils allèrent ensemble dans le salon du déjeûner, où Edmond disposa le papier de Fanny avec toute la complaisance que son frère William aurait pu y mettre, et probablement avec plus d’adresse. Il resta avec elle tout le temps qu’elle mit à écrire sa lettre, l’aidant dans son orthographe, et de tous les petits soins qui pouvaient lui être utiles. Quand elle eut fini, il écrivit lui-même ses complimens d’amitié pour William, et il lui envoya une demi-guinée sous le cachet. La sensibilité de Fanny fut vivement excitée par cette bienveillance : elle se croyait incapable d’exprimer ses sentimens, mais son air et quelques mots sans art témoignaient toute sa reconnaissance, et son cousin commença à la trouver un objet intéressant : il lui parla davantage, et, d’après tout ce qu’elle dit, il fut convaincu qu’elle avait un cœur sensible et un vif...