E-Book, Französisch, 256 Seiten
Lefebvre Le cercle des savants disparus
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-38262-0
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 256 Seiten
ISBN: 978-2-322-38262-0
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Lors de l'inauguration de son musée, Zagbou disparaît mystérieusement en entrainant de force tous les savants présents, à l'exception de quatre amis qui arrivent à s'échapper in extremis. Menés par Delphia, une éminente historienne, les quatre rescapés vont tout tenter pour retrouver les disparus. Leur recherche les guidera à travers l'histoire de l'Egypte ancienne où un Atlante leur donne accès à l'ensemble de ses connaissances afin de traquer leur ennemi commun, Zagbou , un Atlante lui aussi. Leur épopée va durer deux siècles . Pace, une planète paradisiaque créée par Zagbou selon ses propres désirs sera le théâtre de révélations surprenantes. Zagbou est-il un monstre sanguinaire ou un humaniste éclairé?
Après l'écriture de plusieurs nouvelles, l'auteur s'est lancé le défi de son deuxième roman. Après une retraite bien mérité, il a su enfin trouvé le temps pour se consacrer à sa passion: l'écriture.
Autoren/Hrsg.
Weitere Infos & Material
Chapitre 1 - Premières disparitions.
- Delphia, dépêche-toi, nous allons encore être en retard et le Sensézar est très chatouilleux sur le protocole. Cela fait maintenant plus d’une heure que Delphia est dans la salle de bain. Tous les moyens en sa possession seront utilisés pour éblouir le Sensézar Wilfried Zagbou lors de la cérémonie d’ouverture de son nouveau musée d’arts primitifs. Mickael parierait qu’elle va choisir son élégante cotte de cuir ouverte sur le devant, uniquement fermée par des cadenas argentés. Invité à cette soirée en tant qu’historien, Mickael doit y présenter les évolutions des costumes traditionnels depuis l’invention de la roue. Véritables marqueurs culturels, leurs modifications au fil des siècles permettent d’appréhender l’évolution de la société sous un angle nouveau. Mickael a parcouru avec Delphia le monde à la recherche des modes vestimentaires de civilisations connues ou méconnues. Outre sa beauté métissée, sa chevelure noir corbeau, assortie de merveilleux yeux bleus en amande, Delphia maîtrise parfaitement certaines techniques de combat qui les ont souvent aidés à sortir indemnes de situations quelquefois tendues. De nature distraite, parlant à tort et à travers, l’historien a commis quelques grosses bévues auprès de peuplades choquées par son franc-parler et son habitude de se pavaner avec ses armes préférées, le dialogue et l’humour. Enfin son humour, car il ne fait généralement rire que lui. En plus de son ventre un peu rond, un oreiller mou comme le surnomme son épouse, sa myopie avancée l’oblige à porter en permanence des lunettes. Homme très coquet et sensible sur son élégance vestimentaire, il possède une série de lorgnons de toutes les couleurs. Ce soir, ils seront jaunes en l’honneur de leur hôte. L’inauguration s’annonce festive même si la personnalité du Sensézar est très intrigante. Nul ne sait qui il est réellement ni d’où il vient. Un peu ventripotent comme un bouddha, ses yeux jaunes dissimulés derrière des lunettes de soudeur ne laissent percer aucune de ses émotions. Ses mains sont toujours recouvertes de gants, comme si tout contact physique le répugnait. Sa poignée de main ferme et sèche révèle une volonté de fer et une arrogance sans limites. Cinq hommes vêtus de longs imperméables noirs l’entourent en permanence. Mickael compte s’assurer ce soir de la texture exacte de ces pèlerines, a priori en cuir même s’il n’a pas encore eu l’autorisation officielle de Zagbou de les toucher et les apprécier. Cette interdiction étrange augmente son attrait pour la réelle spécificité de ces gabardines. Ne pas pouvoir effleurer la main de Sensézar ou les tissus de ces gardes conforte cette impression de suspicion envers Zagbou. Beaucoup d’histoires circulent sur des disparitions soudaines de visiteurs, de lueurs étranges autour de la maison du Sensézar. Cette soirée va éventuellement amener des réponses à toutes les questions qui tourbillonnent dans l’esprit alerté de l’historien. Delphia apparaît enfin au seuil de la salle de bain. Une merveille… Une combinaison marron foncé ouverte sur le devant met en évidence ses longues jambes. L’échancrure de son chemisier blanc nacré laisse plus que deviner la naissance de ses seins. Loin de le laisser insensible, Mickael s’approche d’elle, le regard égrillard. - J’espère qu’il ne va pas pleuvoir, car tu vas rouiller, ma belle. Devant cette blague pas très drôle, elle fait sa jolie moue que Mickael s’empresse d’embrasser en souriant. - Stop, mon chéri, pas touche ! Peut-être ce soir en rentrant. Je n’ai rien oublié, ajoute-t-elle en soulevant le bas de sa robe. Elle lui dévoile son Jambia, un poignard yéménite à pointe recourbée qu’elle porte généralement dans les situations critiques. Et toi ? Es-tu aussi bien équipé ? Sans répondre directement, il exhibe la montre à gousset subtilement accrochée à son gilet de soie jaune pâle assorti à ses lorgnons. Un fil extrêmement résistant, pouvant soutenir le poids de quatre personnes, y est dissimulé. Sa manche gauche retroussée dévoile le minuscule pistolet accroché à son avant-bras droit qui peut se déclencher automatiquement sur une simple flexion du doigt. Satisfaite de cet équipement, Delphia s’approche et lui tend une paire de lorgnons verte : - On ne sait jamais avec toi, tu perds toujours quelque chose. Mickael propose élégamment son bras gauche. Elle l’attrape tout en douceur et lui glisse sensuellement dans l’oreille. - Tu es beau. J’espère pouvoir rentrer tôt et passer un peu de temps dans tes bras. Dépêche-toi, tu vas encore nous mettre en retard et le taxi est déjà arrivé. Le chauffeur les dépose dans la cour du château et aussitôt un sentiment étrange mêlé d’angoisse les assaille. Des agents de sécurité habillés de noir quadrillent scrupuleusement l’ensemble du jardin. Ils tranchent nettement avec la magnificence des décors et la quiétude des lieux imprégnés de senteurs orientales. Tous portent autour de leur ceinture une grande écharpe jaune descendant jusqu’à mi-cuisse. Un casque de cuir avec des lunettes jaunes complète leur accoutrement étrange. - J’ai eu le nez fin de porter des lorgnons ocre, on va me prendre pour un garde ! soupire Mickael. Un majordome les accueille en haut du perron et sans un mot les scrute des pieds à la tête avant de leur céder le passage. Même pas un regard ou un sourire à Delphia malgré son évidente beauté. Même pas un sourire de connivence envers Mickael et la couleur de ses lunettes démontrant qu’il fait partie de leur secte. Drôle d’accueil … Zagbou a réussi à se procurer, dieu sait par quel miracle, des lampadaires de gaz de ville, une denrée rare en ce début du XXe siècle. Ils éclairent une grande pièce circulaire, mais certains recoins restent cependant plongés dans une totale obscurité. Sans se réfléchir un tant soit peu sur les murs, la lumière semble domestiquée comme si un écran l’empêchait de rayonner normalement. Un son sourd, grave, régulier et persistant égrène comme un métronome un compte à rebours. Dissimulées en partie par des rideaux jaunes, au fond de la salle, de grandes roues de moulin de plus de dix mètres de diamètre tournent lentement, alimentées par des fontaines d’eau. Il faudra aller voir à quoi servent exactement ces roues, se promet Mickael. Une fumée blanche et jaune emplit l’atmosphère jusqu’au plafond, beaucoup plus haut que l’architecture extérieure ne le laissait prévoir. Étrange ambiance moderne, mystérieuse, envoûtante et sinistre avec ces espaces obscurs et cette couleur jaune omniprésente. La salle est remplie de toute la communauté scientifique issue des quatre coins de l’Europe. Il y a là des médecins, des philosophes, des mathématiciens, des physiciens. Mickael reconnaît entre autres Ferdinand Zeppelin tout de noir vêtu, Graham Bell avec une veste à poix rouge, Ivan Pavlov accompagné de son fidèle labrador, Pierre et Marie Curie habillés de blouses blanches comme s'ils sortaient de leur laboratoire, Alexandre Flemming harcelant Thomas Edison qui semble ne rien vouloir écouter. Einstein, ami de longue date de Mickael, porte une chemisette bleue avec une cravate verte à fleurs rouges. Toujours autant de mauvais goût. Il discute avec Louis Lumière arborant son sempiternel costume noir en alpaga de toute élégance. Son Fedora rond juché sur la tête et les pieds écartés pour mieux prendre appui sur sa canne le rendent reconnaissable de loin. Delphia et Mickael se rapprochent de leur groupe. - Bonjour, Louis, arrête de faire ton cinéma avec Albert, il va se prendre pour un génie, entame Mickael. - Toujours aussi lourd avec tes blagues, Mickael, répond Albert tout en s’inclinant devant Delphia pour lui baiser la main. Les puissantes vibrations graves et sourdes d’un grand gong résonnent soudain. Une estrade surgit du plancher, s’élève et s’arrête avec Wilfried Zagbou à cinq mètres au-dessus de leurs têtes. Une étoile à cinq branches recouvre le podium. Chacune d’elles est d'une couleur différente allant du bleu au noir...